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jeudi 26 mars 2009

Un beau gâchis.

Je passe devant la porte de ton immeuble ; je vois de la lumière à la fenêtre.
Et je me dis
que c'est quand même un beau gâchis.

Je regarde de vieilles photos de nous.
Et je me dis
que c'est quand même un beau gâchis.

J'écoute des chansons qu'on se passait au coin du lit.
Et je me dis
que c'est quand même un beau gâchis.

Je vois ta silhouette partout, même dans les pubs pour Monoprix.
Et je me dis
que c'est quand même un beau gâchis.

Je me trimballe avec ton parfum dans mon sac et je le sniffe dans le métro.
Et je me dis
que c'est quand même un beau gâchis.

J'ai envie de pleurer quand je vois quelqu'un porter la même chemise que toi.
Et je me dis
que c'est quand même un beau gâchis.

J'ai envie de pleurer tout le temps parce que tu n'as jamais porté de chemises très originales.
Et je me dis
que c'est quand même un beau gâchis.

Je remets des piles dans mon vibro ; ça sent la lose mais ça détend.
Et je me dis
que c'est quand même un beau gâchis.

Je change mon statut Facebook.
Tout le monde me dit
que c'est quand même un beau gâchis.

Mais il vaut mieux qu'il soit beau ce gâchis
il vaut mieux qu'il soit beau.
Je préfère hacher les belles histoires que remâcher les souvenirs moches.
Et des histoires comme la notre, j'en veux encore plein à gâcher.
Sauf que les prochaines fois, j'essayerai d'en prendre soin.

lundi 23 mars 2009

Après un stage à Douai...


Avant, mon corps était droit.

Ou plutôt non, il tournait rond.

Je n'ai jamais vraiment été un poids plume, mais il suffisait d'un peu de musique, du frémissement d'un mouvement, d'une silhouette gracieuse en ombre chinoise devant un projecteur, il suffisait d'un rien pour que ce corps trop massif s'élève, s'envole, s'oublie. Je dansais, et ma peau n'était plus trop grande. Je dansais, et ma chair ne me gênait plus. Tout était simple, facile, évident. Mes gestes s'enchainaient et s'imprimaient sur mes tissus sans même avoir à y penser. Avant, la danse était mon naturel. Avant, la danse était mon lieu de vie.

Et puis mes vertèbres ont vrillé pour se donner un air de Pise ; et elles ont fait perdre à ma tour le contrôle. Il suffit d'un rien, une petite fantaisie vertébrale pour que tout s'emballe. Mes os se sont mis à danser - demi-tour gauche plié! - et ont privé tout les autres. Aujourd'hui, mon corps hurle à chaque mouvement. Il s'emmêle les pinceaux autour de mes petites danseuses figées. Je tangue, je tombe ; mes membres ne comprennent plus les signaux que je leur envoie.

Ce ne sont pas les bleus qui font mal, ni les entorses, ni les élongations ; ce ne sont pas les nerfs qui se coincent ou les chairs compressées dans un corset. Ce qui fait mal, c'est d'avoir perdu son naturel.

On pense qu'une fois appris, on n'oubliera jamais comment lire, écrire, compter ou mâcher un chewing gum. Moi, je ne sais plus danser.

mardi 17 mars 2009

Le Songe d'une nuit d'été

La B.O. de notre Songe d'une nuit d'été va avoir de la gueule.

Morceaux choisis :

* River of Orchids - XTC
* In the flowers - Animal Collective
* Bad Timing - dEUS
* Tho you are gone I still often walk with you - A Silver Mt. Zion
* Madame Rêve - Alain Bashung
* Numb - Portishead
* Can't help falling in love - Andy Williams
* Over the stairs - Guillemots
* Sarabande - Haendel
* Tropicalia - Beck
* Candyland - Cocorosie
* No moan - Laetitia Sheriff
* Exchange - Massive Attack
* Avatars I - William Sheller

Bon, ce n'est que le début, mais j'aime le son des répétitions, en ce moment.

samedi 14 mars 2009

364 days

* Saint Nicholas, Saint Nicholas
At the North Pole

364 days spent all alone

Take off your boots

Pour a drink

Try not to cry

Try not to think *


J'ai bu de la bière et j'ai fumé des cigarettes
ça ne m'a pas guérie.
J'étais gelée, j'ai pris un bain bouillant
quarante-cinq degrés bien tassés
je prends des bains depuis sept ans pour y cramer ma peau froissée
ça n'a toujours pas marché
j'ai des bleus sur les genoux et le ventre gonflé
je souffre de dysmorphophobie et d'insomnie chronique.
Je me demande
parfois
combien de temps tiendra mon corps
sans sommeil
sans nourriture
sans colonne vertébrale digne de ce nom.

J'ai pris un bus il y a longtemps en écoutant du Damien Rice.
J'ai loupé mon arrêt et je tangue encore entre les fauteuils bleus.
J'ai loupé mon arrêt et je tourne en rond sans espérer le terminus.

dimanche 8 mars 2009

Punchline au jet d'encre

* I believed that you'd always be here
Cause once you promised a life with no fear
*

"Les bras baissés
je regarde les alouettes dans les éclats du miroir brisé."

mercredi 4 mars 2009

Note à benner


* So you came like a missile
Leaving me the whole world in exile *


Pousse-toi de là arrache-toi de moi tire-toi de moi laisse-moi tranquille.
Mon coeur est en partance et mon corps en transit
Je dégouline de toi
Plaquée au sol comme en exil, j'ai une valise dans le thorax et je hurle ton nom comme on hèle un taxi.

lundi 2 mars 2009

Papier éphémère

Dans ces moments là la musique parait plus lente mais elle fait entièrement partie de moi.
Dans ces moments là, les voix me parlent uniquement à moi, elles chuchotent, elle susurrent, elles hurlent, elles sont agressives.
Dans ces moments là, des inconnus me parlent, entrent dans ma chambre et se confondent avec les ombres.
Dans ces moments là, le temps passe plus lentement.
Dans ces moments là, le seul visage que je peux voir, c'est le tien. Il flotte, il est dans ma tête, il m'empêche de voir au delà de toi, mon champ de vision est réduit à ta face.
Dans ces moments là, je tremble de vitesse, je tremble pour aller toujours plus vite et je fais n'importe quoi.
Dans ces moments là, j'ai envie de faire l'amour, tout de suite, n'importe comment.
Dans ces moments là, j'ai froid, je suis terrorisée, je voudrais hurler mais je ne trouve personne à qui parler.
Dans ces moments là, je n'ai plus qu'à me venger sur le premier papier qui passe.
Dans ces moments là, je n'ai plus qu'à me faire violer par le premier stylo trouvé.
Dans ces moments là, personne d'autre n'existe que moi même et mes fantasmes.
Dans ces moments là, tout est simple, évident pour moi, mais personne n'est d'accord, personne n'est accessible et je n'arrive pas à leur expliquer à quel point tout serait facile si on m'écoutait une seule seconde.
Dans ces moments là, mon attention est attirée dans une centaine d'endroits différents.
Dans ces moments là, je me sens submergée et vidée.
Dans ces moments là, si bruyants, si incompréhensibles, je préfèrerais me faire sauter le caisson.

dimanche 1 mars 2009

[Chantier] Diagnostic prénatal.

Mon enfant,

Dans quelques mois, tu seras prêt à venir au monde. Alors je voudrais te dire deux ou trois choses, t'expliquer un peu pour que tu comprennes ce qui se passe ici.

Toute ma vie, j'ai essayé de rendre les gens qui m'entourent heureux. Il m'a toujours semblé qu'en cultivant le lien humain, nous arriverions à créer un nouveau monde, beau et chaleureux. Sans me vanter, je pense avoir été généreuse, présente, à l'écoute, et prête à tout pour rendre la vie un peu plus jolie, pour être fière d'accueillir un jour un petit bonhomme comme toi, fière de pouvoir te souhaiter la bienvenue dans un monde que j'aime et qui aurait mérité ta présence.

Et voilà où j'en suis.

Je voudrais que tu ne fasses pas les mêmes erreurs que moi. J'aimerais que tu naisses avec les yeux aussi ternes que possible et que tu sois l'être le plus ignoble et le plus égoïste du monde. Je veux que tu sois détestable, cynique - ou réaliste, au choix - et surtout, que tu n'éprouves rien pour personne. Vois le monde comme une immense cour de récréation dans laquelle tu es le roi ; les autres seront des tourniquets dévolus à ton amusement propre. Utilise-les autant que tu peux puis envoie-les valser : tu en seras d'autant plus aimé et admiré. N'aie aucun scrupule, aucun sentiment ; alors je te jure que tu seras heureux, que tu obtiendras tout ce que tu voudras. Tant que tu ne t'occuperas que de toi, que tu te suffiras entièrement à toi-même, il ne pourra rien t'arriver. Ne t'attache pas à moi non plus, je serais capable de te faire culpabiliser. Dès que tu peux, essaye plutôt de voir comment tu pourrais m'utiliser. J'ai beaucoup de ressources en tant que tourniquet, justement.

Voilà, mon enfant, comment ça se passe. Il est un peu tard pour moi, mais toi, tu peux encore t'en sortir.

Je pense que maintenant, tu as compris... pourquoi j'ai pris cette décision.
J'espère que tu ne m'en voudras pas. Mais c'est pour toi, pour ne pas que ça t'arrive.
Pardonne-moi, mon bonhomme.

...

Allez-y, docteur, faîtes ce que vous avez à faire.