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mercredi 29 juillet 2009

Ventre à terre


Il fallait une sacrée dose d'amour tout de même vous trouvez pas oui une sacrée dose d'amour pour un sacré miracle mais c'était naturel après tout évident je m'y attendais un amour comme ça ça pulvérise tout ça va au delà de la logique des hommes au-delà de la barrière des sciences qui veut brider la nature mais quand c'est l'amour qui parle quand c'est l'amour y'a plus d'hormones y'a plus de latex y'a plus que des corps qui se veulent au delà de tout des prises de têtes et des magouilles dégueulasse y'a que des corps qui s'aiment et nos corps se sont toujours aimés ça je l'ai toujours su malgré tout ce qu'il a pu dire nos corps se sont toujours aimés c'était évident naturel aimés partout tout le temps dans toutes les positions dans tous les recoins ce sont les corps qui parlent pas la tête et son corps voulait vivre en moi et mon corps voulait sa vie en lui et quand c'est le corps qui décide on n'y peut rien et c'est comme ça on n'y peut rien et c'est comme ça c'est comme ça c'était sûr parce que moi j'ai jamais aimé avec le cœur le cœur ça va ça vient moi j'aime avec le ventre et mon ventre il a toujours été affamé de lui à le réclamer toujours alors je mordais je mordais pour nourrir mon ventre qui voulait que lui et rien d'autre même le chocolat ça allait pas c'était sa peau à lui alors non je ne vois pas ce qu'il y a d'étonnant à ce que mon ventre ait voulu le retenir piquer un bout de lui pour le planter et le laisser me pulvériser le planter pour que ça grandisse là comme notre amour comme notre petite merveille qu'on aurait appelée je sais pas qu'on aurait appelée comme il aurait voulu Anna Lou Manon Léo Elsa Louise Théo Maxence Lucas Noémie Anouch Paul Cassandre Yann Mélina Arnaud Guillaume Pablo Sevan Nora qu'on aurait appelée à l'image de notre amour parce que comme notre amour on n'y croyait pas mais alors pas du tout et comme notre amour il est parti et il a emmené avec lui notre petit Annaloumanonléoelsalouisethéomaxencelucasnoémieanouchpaulcassandreyannmélinaarnaudguillaumepablosevannora il a tiré le fil et il est parti alors la merveille aussi elle n'a pas tenu comme notre amour qu'il a emporté parti avec la vie la vie de la merveille parti par là où il était rentré et notre petit Annaloumanonléoelsalouisethéomaxencelucasnoémieanouchpaulcassandreyannmélinaarnaudguillaumepablosevannora au fond des toilettes comme une petite boule qui flotte un bouchon qui m'a débouchée là au milieu du Canard WC notre amour de chair à la chasse que c'est encore moi qui dois tirer la chasse que c'est moi qui dois chasser la merveille dans les canalisations et dire adieu et merde adieu et merde en silence adieu et merde dans la cuvette adieu et merde c'était peut-être un peu trop beau.

mercredi 22 juillet 2009

La femme sans sexe Pt.3 : Ni homme, ni femme, nitroglycerine.


* Macho macho man *


Tu as fait de moi une femme.
Je veux que tu l'oublies.
Tu m'as rendue belle et douce et tendre.
Je veux que tu l'oublies.
Tu m'as rendue faible.
Ca n'arrivera plus.

Je veux que tu oublies que j'ai été capable
de sourire de rire de toucher d'abandonner d'attendre capable d'admirer capable de croire capable de laisser faire capable d'être aveugle.

Je veux que tu oublies
que tu ne gardes de moi que l'image la plus laide la plus dégueulasse
l'image la plus mâle.

Je veux qu'il ne te reste
que le dégoût et l'amertume d'avoir baisé un homme
que des crachats et des souvenirs foulés
que gâchis et erreur de parcours
que ruines

pour barbouiller d'immonde tout ce qui a été
pour qu'il n'y ait plus de traces des anciennes cités d'or.

Alors
je coups mes cheveux je coupe ma parole je coupe la conversation je coupe ma peau je coupe ma faim je coupe mon envie je coupe mon téléphone je coupe mes écrans plasma je coupe la dignité je coupe le chauffage je coupe l'aération je coupe l'ascenseur je coupe les fils je coupe le souffle je coupe je tranche je coupe je tranche à coups de dent s'il le faut à coups de sang avec mes ongles avec mes lames avec tout ce que j'ai je coupe je tranche je coupe je tranche je coupe les ponts

entre moi et ma féminité
entre moi et ma mémoire
entre moi et moi.

vendredi 17 juillet 2009

Vingt quatre heures de la vie d'une femme.

"Et je sens de nouveau avec effroi quelle substance faible, misérable et lâche doit être ce que nous appelons, avec emphase, l'âme, l'esprit, le sentiment, la douleur, puisque tout cela, même à son plus haut paroxysme, est incapable de briser complètement le corps qui souffre, la chair torturée - puisque malgré tout le sang continue du battre et que l'on survit à de telles heures, au lieu de mourir et de s'abattre comme un arbre touché par la foudre."

Stefan Zweig


Maintenant, j'ai appris la laideur.

Et je deviens laide
c'est pire
pire que tout ce que j'ai pu voir
pire que tout ce que j'ai pu voir
ne me faites plus croire
que
ça vaut
quelque chose
ne me faites plus croire
qu'il faut tenir
pour toucher le meilleur
ne me faites plus croire
que nous en sortirons un jour.

Nous sommes tous des monstres.
Nous sommes tous des monstres.

Nécrophages.

Une bouilloire électrique
ça ne se met pas dans du papier bulle
ça ne se met pas sur une étagère
ça ne se met pas dans un écrin
ça ne s'offre pas
ça n'est pas esthétique
ça n'est pas sentimental
ça n'est pas lié à des souvenirs
ça n'est pas intéressant
ça n'est pas indispensable
ça n'est pas inoubliable
ça n'est pas irremplaçable
ça n'est pas marquant
ça n'est pas respectable
ça ne satisfait pas.

Une bouilloire électrique
c'est juste pratique quand on a besoin de se faire cuire un oeuf.

mercredi 15 juillet 2009

La femme sans sexe Pt.2 : La femme au foyer


Je pense que si j'attends comme ça sans bouger d'un poil
j'arriverai à ralentir le temps
les secondes deviendront des minutes
les minutes des heures
et les heures des après-midi entières à t'attendre au milieu de tes affaires
à t'imaginer dans une autre sphère que je ne connais pas
moi qui appartiens à un autre temps
un temps d'abandon entre quatre murs blancs où les vêtements sont prohibés
où tu quittes ta veste dès le seuil franchi.

J'aime t'attendre là au milieu du lit défait
les yeux au plafond
imaginant
ce que tu me feras
quand tu rentreras
imaginant
ce que tu fais
pendant que j'imagine tes doigts sur moi.

Je passerais ma vie entière à t'attendre là
hors du monde
cachée
n'appartenant qu'à toi
n'attendant que toi des jours et des jours durant
je me couperais du monde
ne serais qu'un fantôme pour tout ceux qui m'ont connue
sauf pour toi
toi
qui me réveilleras chaque soir
d'un coup de langue
d'un coup de lèvre.

Je n'arrive plus à rien faire d'autre qu'à
t'attendre.

Je crois que
tu réveilles mes gênes de femme au foyer
je crois que
redevenant une femme je redeviens soumise.

Nobody sees tears when you're standing in the storm.


"Lorsque mon âme et mon corps ne seront plus d'accord
Que sur un seul point : la rupture"


Je cours toujours un pied devant l'autre
avec du sang entre les dents
avec les ongles dans les paumes
avec le souffle dans les tempes

Je cours toujours sans m'arrêter
jusqu'à ce que l'alchimie de mon corps
me fasse oublier que je cours
que la douleur dépasse l'effort

Je cours
pour l'anesthésie progressive

Je cours toujours contre le temps
parce que je ne guérirai pas
parce que la bête est incrustée
parce que c'est elle qui restera

Je cours contre les aménagements
contre les solutions en toc
contre les faux sourires et les breloques
qui chassent le mal(e) mais ne le tuent pas

Je cours pour pas prendre soin de moi
je cours pour pas voir le chemin
je cours pour provoquer la fin
pour pas qu'elle parte plus loin

Je cours
pour l'anesthésie progressive

Je cours comme un oiseau face au vent
supporté contre la tempête
je cours pour l'immobilité
contre le temps et ses arrêtes

Je cours contre le mouvement
en provoquant des tourbillons
des rires, des semblants d'intention
des attitudes pour l'altitude

Je cours pour surtout pas tomber
je cours pour surtout pas crever
je cours pour surtout pas m'crasher
tout en bas à six pieds sous terre
où l'anesthésie ne suffit plus
à faire oublier les dents des vers.

("En fait, c'est assez simple. J'ai eu l'idée en courant. Quand tu cours, les premiers temps sont difficiles, douloureux. Et petit à petit, ton corps accepte le rythme et tu oublies le mal. C'est les hormones, je crois. Ou l'hyperventilation. Enfin tu vois le truc. J'appelle ça : la technique de l'anesthésie progressive. Aujourd'hui, je sais que je ne guérirai pas. Il y aura toujours des traitements, des aménagements, des arrangements, du bricolage, des solutions toc à durée de vie limitée, mais la bête noire, elle, ne disparaitra jamais. Elle est définitivement là, ancrée dans toute ma chair. Alors plutôt que de prendre soin de moi, je soigne le mal par le mal. J'applique la technique de l'anesthésie progressive. Ne jamais s'arrêter, appuyer toujours plus fort là où il y a un problème, jusqu'à ce que le seuil de tolérance soit dépassé. Alors hormones ou hyperventilation et tu ne te rends plus compte de rien. As-tu déjà observé les mouettes dans la tempête? Elles se mettent face au vent et se laissent porter. Elles sont immobiles, elles n'avance pas, ne reculent pas / mortes \. L'idée n'est pas forcément d'être en mouvement. Mais qu'il y ait en tout cas suffisamment de tourbillons pour rester en altitude. Tant qu'il y a du vent, tout va bien. Mais quand ça s'arrête? C'est quand ça s'arrête que la chute est dure et on n'est jamais assez anesthésié pour supporter un crash à mille mètres du sol. Alors en attendant, je vais reprendre un verre en même temps que ma course pour pas que le vent retombe.")

lundi 13 juillet 2009

Blagounette


"Quand on s'est rencontrés, j'aurais mieux fait de me casser une jambe.
Sauf que j'avais déjà la jambe cassée et que ça ne m'a pas empêchée de te tomber dessus et de foncer dans le mur."

Boris Vian is my homeboy

2 poèmes

Je voudrais pas crever

Je voudrais pas crever
Avant d'avoir connu
Les chiens noirs du Mexique
Qui dorment sans rêver
Les singes à cul nu
Dévoreurs de tropiques
Les araignées d'argent
Au nid truffé de bulles
Je voudrais pas crever
Sans savoir si la lune
Sous son faux air de thune
A un côté pointu
Si le soleil est froid
Si les quatre saisons
Ne sont vraiment que quatre
Sans avoir essayé
De porter une robe
Sur les grands boulevards
Sans avoir regardé
Dans un monde d'égout
Sans avoir mis mon zobe
Dans des coinstots bizarres
Je voudrais pas finir
Sans connaître la lèpre
Ou les sept maladies
Qu'on attrape là-bas
Le bon ni le mauvais
Ne me ferait de peine
Si si si je savais
Que j'en aurai l'étrenne
Et il y a z aussi
Tout ce que je connais
Tout ce que j'apprécie
Que je sais qui me plait
Le fond vert de la mer
Où valsent les brins d'algue
Sur le sale ondulé
L'herbe grillée de juin
La terre qui craquelle
L'odeur des conifères
Et les baisers de celle
Que ceci que cela
La belle que voilà
Mon Ourson, l'Ursula
Je voudrais crever
Avant d'avoir usé
Sa bouche avec ma bouche
Son corps avec mes mains
Le reste avec mes yeux
J'en dis pas plus faut bien
Rester révérencieux
Je voudrais pas mourir
Sans qu'on ait inventé
Les roses éternelles
La journée de deux heures
La mer à la montagne
La montagne à la mer
La fin de la douleur
Les journaux en couleur
Tous les enfants contents
Et tant de trucs encore
Qui dorment dans les crânes
Des géniaux ingénieurs
Des jardiniers joviaux
Des soucieux socialistes
Des urbains urbanistes
Et des pensifs penseurs
Tant de choses à voir
A voir et à z-entendre
Tant de temps à attendre
A chercher dans le noir

Et moi je vois la fin
Qui grouille et qui s'amène
Avec sa gueule moche
Et qui m'ouvre ses bras
De grenouille bancroche

Je voudrais pas crever
Non monsieur non madame
Avant d'avoir tâté
Le goût qui me tourmente
Le goût qu'est le plus fort
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir goûté
La saveur de la mort...

***

Un de plus

Un de plus
Un sans raison
Mais puisque les autres
Se posent les questions des autres
Que faire d'autre
Que d'écrire, comme les autres
Et d'hésiter
De répéter
Et de chercher
De pas trouver
De s'emmerder
Et de se dire ça sert à rien
Il vaudrait mieux gagner sa vie
Mais ma vie, je l'ai, moi, ma vie
J'ai pas besoin de la gagner
C'est pas un problème du tout
La seule chose qui en soit pas un
C'est tout le reste, les problèmes
Mais ils sont tous déjà posés
Ils se sont tous interrogés
Sur tous les plus petits sujets
Alors moi qu'est-ce qui me reste
Ils ont pris tous les mots commodes
Les beaux mots à faire du verbe
Les écumants, les chauds, les gros
Les cieux, les astres, les lanternes
Et ces brutes molles de vagues
Ragent rongent les rochers rouges
C'est plein de ténèbres et de cris
C'est plein de sang et plein de sexe
Plein de ventouses et de rubis
Alors moi qu'est-ce qui me reste
Faut-il me demander sans bruit
Et sans écrire et sans dormir
Faut-il que je cherche pour moi
Sans le dire, même au concierge
Au nain qui court sous mon plancher
Au papaouteur dans ma poche
Ni au curé de mon tiroir
Faut-il que je me sonde
Tout seul sans une soeur tourière
Qui vous empoigne la quéquette
Et vous larde comme un gendarme
D'une lance à la vaseline
Faut-il faut-il que je me fourre
Une tige dans les naseaux
Contre une urémie de cerveau
Et que je voie couler mes mots
Ils se sont tous interrogés
Je n'ai plus droit à la parole
Ils ont pris tous les beaux luisants
Ils sont tous installés là-haut
Où c'est la place des poètes
Avec des lyres à pédale
Avec des lyres à vapeur
Avec des lyres à huit socs
Et des Pégases à réacteurs
J'ai pas le plus petit sujet
J'ai plus que les mots les plus plats
Tous les mots cons tous les mollets
J'ai plus que me moi le la les
J'ai plus que du dont qui quoi qu'est-ce
Qu'est, elle et lui, qu'eux nous vous ni
Comment voulez-vous que je fasse
Un poème avec ces mots-là?
Eh ben tant pis j'en ferai pas.