Pages

mardi 26 janvier 2010

To you.

* Et quand ça vient dans mes doigts
Je n'mens pas
J'te jure ça parle de toi
Peut-être un peu fort quelquefois
Mais il faut pas t'en faire pour ça *

C'était la première fois qu'il prenait sa guitare. Je ne l'avais jamais vu jouer avant. Assise là sur le canapé à regarder la nuit par la fenêtre, je l'ai entendu commencer à égrener des notes à côté de moi. Tout était calme, tout était bien. J'ai serré ma tasse pleine de tisane un peu plus fort entre mes mains et j'ai posé ma tête sur le dessus de son épaule. J'avais froid, j'aurais voulu me coller contre lui mais il y avait sa guitare contre son corps. Alors je me suis contentée de ça, du contact de sa clavicule contre ma tempe.

"Joue-moi un air", je lui ai dit, "joue-moi un air" et c'était les premiers mots que nous prononcions depuis longtemps. Des mots qui ne brisaient pas le silence mais qui le prolongeaient.

Alors il s'est mis à chanter et j'ai fermé les yeux. Sa voix était un peu rauque, un peu forcée. Et les notes coulaient sur les cordes et résonnaient au-dessus de nos têtes.

Mais je gardais les yeux fermés.

Quand enfin je l'ai regardé, il y avait une autre femme entre ses mains, entre ses mots, entre les formes de sa guitare.
Un fantôme dans ses paroles.
Une silhouette dans ses pupilles.
Un autre corps sous notre lit.

Il chantait pour une autre et c'est comme ça que j'ai compris.
J'ai commencé à pleurer.
"C'est beau", je lui ai dit", "c'est beau", et j'espérais ramener à moi ses mots.

Mais les notes s'envolaient au-dessus de nos têtes et la nuit est entrée lentement par la fenêtre.
Sa voix s'est étranglée.
Et je n'étais plus là.
J'étais déjà une étrangère.
Et ma tisane était froide.

Nous n'avons pas fait l'amour cette nuit là.
Je suis partie le lendemain, sans un mot.
Tout s'est fini sur une chanson qui n'était pas écrite pour moi.

dimanche 17 janvier 2010

Voyage voyage

* Retour du lyrisme... haem *

J'ai connu un marin dans la rue des Noyés. Il s'était amarré au pied de mon comptoir, l'ancre fichée au sol, les yeux dans l'horizon. Sa langue s'est déroulée en voyages par milliers, il a délié la mienne et apposé dessus un goût de liberté. Sa peau portait sur elle le sel de toutes les mers, ses mains renfermaient seules des crevasses, des canyons, sa bouche soufflait le vent des très grands océans et j'ai passé mes nuits à compter en dormant le sable de ses cheveux qui nourrissait mes rêves.

J'ai connu ce marin dans la rue des Noyés et j'ai pris son bateau qui passait sur le bar. Ses lèvres portaient encore les traces des épices, collaient encore de miel et de fleur d'oranger et ont rempli mon ventre d'essences exotiques en guise de carburant.

J'ai connu ce marin dans la rue des Noyés. On a quitté la rue pour prendre son voilier. Et en haut de son mât moi je n'ai plus le mal de mer. Je découvre le monde et la vie au grand air. Je n'ai plus peur de rien et je contemple au loin les terrains dévastés, les champs de solitude que j'ai abandonnés pour ceux des longs cordages et des mots qui frivolent avec la crête des vagues.

Mon histoire est sans chute car je voyage encore
de mer en mer
de ville en ville
de port en port.

lundi 11 janvier 2010

jeudi 7 janvier 2010

J'ai un problème...

Les belles choses, moi, je sais pas les dire.
Gratter mes croûtes ça, ça va, je sais faire.
Mais les belles choses veulent pas sortir.

J'ai essayé, pour de vrai.
Mais ça reste là.
Pas besoin d'exorciser tout ce qui fait du bien.
Et au-delà de ça, je trouve trop impudique d'étaler du bonheur.
C'est trop direct, trop personnel.
J'ai pas de problème en général à raconter le cru, à prendre les mots comme des coups de poing.
Comme des coups de poing, mais pas comme des caresses.

Alors c'est pas que j'écris plus ou que je dis plus rien.
C'est juste que je sais pas trop comment faire.
J'ai fait des tentatives.
Qui donnent pas grand chose.

"Quelque chose a changé et j'ai rien calculé.
Ca a commencé...
Ca a commencé par une noyade.
Accrochée à un bar avant de m'accrocher à sa main de m'accrocher à son cou de m'accrocher à son bras de m'accrocher à la rampe de m'accrocher à la porte de m'accrocher à la poignée (parce que je savais pas quoi faire) de m'accrocher à ses lèvres (parce qu'il m'a montré quoi faire) et donc de m'accrocher au lit de m'accrocher aux draps de m'accrocher à ses rideaux de m'accrocher au téléphone de m'accrocher à mon envie de m'accrocher à ses paroles de m'accrocher à sa peau de nouveau et à sa main encore une fois de m'accrocher à nos peurs de m'accrocher à des espoirs de m'accrocher au ciel de m'accrocher à un parfum de m'accrocher à lui dans ma vie, je suis maintenant accrochée à un t-shirt qui n'est pas à moi et je ne comprends pas grand chose si ce n'est que ça fait tout un paquet d'accroches auxquelles je m'accroche pour pas que ça décroche."

Laboratoire, donc...