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mardi 23 février 2010

The Big Scratch Theory



"L'implosion est l'inverse de l'explosion. Elle se produit lorsque la pression externe à un objet est plus grande que celle à l'intérieur et que cette différence est assez grande pour briser la résistance mécanique de ce dernier. Elle se produit soudainement au point de rupture de la résistance et projette les débris vers l'intérieur de l'objet."


Je ne l'écoute plus.
Il continue de parler mais sa voix est étouffée, comme à travers un tunnel.
Il parle et je pense à des plumes.
Ou plutôt non, à de la neige. Un épais tapis de neige qui met le monde en sourdine et sur lequel je me suis écrasée mollement à la première de ses paroles.

C'est donc ça, une implosion dans le vide?

A peine un bruit, un chuintement au moment de l'impact, un murmure au ralenti. Comme un crash qui durerait des heures. Autour de moi, tout tourne avec une lenteur démesurée. Je ne reconnais plus rien. Je fixe mes pieds pour contrôler le tournis et me concentre sur la neige, sur le silence qui m'envahit, plus pesant que le plomb qui s'insinue dans mon estomac, dans mon thorax et dans ma bouche. Je m'enfonce doucement dans la glace moelleuse.

Alors c'est ça... une implosion dans le vide. Où rien ne se propage, ou rien avale le tout et le fait disparaitre le temps d'un chuintement. Où le souffle comme aspiré vers l'intérieur emporte tout sur son passage, paroles, gestes, raisons, emporte tout et l'enferme dans un espace pourri, là bas, quelque part entre mon sternum et mon diaphragme. Je ravale cette histoire et sens ses mille morceaux me ronger l'édifice.

Je voudrais quitter ça, je veux du bruit autour de moi, des cris, des larmes, des bris de verre pour lacérer mon dégoût, pour que le plomb dans ma gorge s'envole pour le fracasser lui. Je veux du son et des grands gestes, je veux des bouches grandes ouvertes.

Mais je m'enfonce de plus en plus et m'assois sur les marches en glissant. Je ne peux plus parler, je ne peux plus bouger. La glace m'emprisonne et je retiens mon souffle pour ne jamais qu'elle me libère.

lundi 22 février 2010

L'irréparable.

* Shit night again *


J'avais un capital
capital
un capital love, liebe, amore, àst, sér, kärlek, kahnu, dashuri, gharau, mahabr, prem, ishta, myiya, ài, rakkaus, sarang, koerlihed, merout, armastus, agapi, ahava, serelem, pyaar, asmore, meile, okwagala, tia, kjoerlighet, mahabât, ljubov, ljubezen , here, cham-po, mbëgeel, ...

J'avais un capital d'amour à l'international que je pouvais déployer pour arroser mes pas de baisers multilingues. J'ai créé un langage mieux que l'esperanto.
J'ai créé la langue avec mon capital trop grand.

J'ai pris mon capital et l'ai balancé par la fenêtre, l'ai fait fuir dans des flaques de plasma, sur l'oreiller virtuel des corps cent fois chéris. Je l'ai gaspillé en le lançant dans des windows fermées, windows réfléchissantes qui renvoient ce dont on ne veut plus, windows qui encombrent de dépouilles les lancés inutiles.

Sous le plasma, mon amour a glissé et sous mes yeux s'est liquéfié.

Et je suis là sans écouter.
Comment aller dormir quand ça vague dans ma tête, quand ça pulse comme un sanglot, quand ça m'envahit et que je suis mouillée jusqu'aux os, mouillée dans mon ventre où mes ventricules se battent, trempée par les vagues qui gigotent, par la mer déchainée au dedans de ma tête, la mer qui se réveille quand on l'arrose, quand on l'arrose.

Et chaque soir, sous la fenêtre, j'entends des voix, des voix d'enfants, la voix de mon enfant qui crie.

Alors je roule d'un bout à l'autre de l'autoroute, attendant qu'un camion vienne barrer le bitume.

Je roule et je m'arrête.
J'attends le CRASH, le BOUM, le SPLASH.

vendredi 19 février 2010

I'm dumb and dying and cannot conjure the energy to care


My stupidity is clumsy and careless
My excuses they're empty and thoughtless
I speak with indifference
If I apologize I don't see the point
If you have to try to be sincere
So accept my silence
Cause I've got nothing to say

I lack beliefs to dictate my actions
I am the motion of my daily attractions
They've taken my mind
And left a few frustrated attempts
To recycle or salvage whatever lef of myself
I'm running through water
When I should just swim

My room's like a vacuum tonight
Our lives only have the values we chose to apply
The silence like oil swirls
And comes to life

I know I'm not gone yet but time's running out
I'll accept my destiny, spend my time getting drunk
And I'll hurrah with the corpses
And pretend what I feel is real
We'll toast suicide with our abandoned eyes undertoning all our cheers
And we'll suffer without protest
Until we can't feel a thing

My room's like a vacuum tonight
Dark silhouettes heave under drunken sight
The silence like oil swirls
And comes to life

My stupidity is clumsy and careless
My excuses they're empty and thoughtless
I speak with indifference
If I apologize I don't fucking see the point
If you have to try to be sincere
So accept my silence
Cause I've got nothing to say

Sight like december

mardi 16 février 2010

Follow the yellow brick road.

* Depuis je suis peureuse *

J'avançais droit sur le chemin, moi, j'avançais droit, sûre de mes pas, les yeux plantés dans l'horizon, le souffle calme, les cheveux plats, j'avançais calmement sur les pavés polis, ni chaud ni froid, juste à température ambiante. J'avançais pas à pas, en pénitence, et la forêt était loin derrière moi, je crois, loin derrière moi.

Et puis, comment te dire, et puis tu m'as bousculée et dans la bousculade, tu as pris ma main ; tu arrivais en sens inverse sur le chemin et dans la bousculade, comment te dire, tu as glacé ma main. Je me suis figée là, toute étonnée de ce froid dans ma main qui brûlait tous mes membres et faisait exploser ma tête. Je me suis figée là, me suis craquelée comme autrefois, comme la boue qui subit les différences d'intempéries. Je me suis figée là et j'ai suivi ta main sur le chemin qui remplaçait mes jambes et transfusait du carburant. Et je te suis maintenant, je te suis, accrochée que je suis, je te suis en courant, débraillée, ébahie, les yeux plantés à l'arrière de ta tête, à l'arrière de tes yeux plantés dans l'horizon. Et ce n'est pas que j'aime pas ça, ce n'est pas que j'aime pas faire confiance à ta voix, à ta chaleur et à ton froid qui m'ont recraquelée pour mettre des sensations dans tous mes interstices, mes interstices bouchés avant la bousculade. C'est pas que j'aime pas ça, tes cheveux dans mon horizon ou tes épaules pour toute indication. Mais qu'est-ce qu'il me restera, à moi, quand tu lâcheras ma main sur le chemin que je ne reconnaitrai plus à force de regarder ta nuque? Qu'est-ce qui me restera à moi quand je n'aurai plus suffisamment d'élan à force de me calquer sur tes pas? Tu seras là, toi, pour m'apprendre à marcher sans toi? Qu'est-ce qui me restera à moi quand t'auras plus besoin de moi?

Qu'est-ce qui me restera à moi quand il me faudra être une femme sans homme, quand il me faudra réapprendre à avancer droit sur le chemin, sûre de mes pas, les yeux plantés dans l'horizon, le souffle calme, les cheveux plats? A quoi me servira cette féminité là, cette baudruche crevée qui a tant amusé? Me faudra-t-il encore une fois me battre et me gonfler à bloc avec des rustines? Faudrait-il cette fois prendre un autre chemin, autre chemin que toi, avant la crevaison, avant d'atteindre l'horizon?

Je n'ai pas de réponses à ça, tu vois, pas de réponse à ça. Alors je serre ta main pour pas que tu la lâches et je serrerai si fort, je serrerai encore jusqu'à t'arrêter toi, jusqu'à te lâcher toi, et reprendrai ma route sur les pavés polis - et sous anesthésie.