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mercredi 15 juillet 2009

Nobody sees tears when you're standing in the storm.


"Lorsque mon âme et mon corps ne seront plus d'accord
Que sur un seul point : la rupture"


Je cours toujours un pied devant l'autre
avec du sang entre les dents
avec les ongles dans les paumes
avec le souffle dans les tempes

Je cours toujours sans m'arrêter
jusqu'à ce que l'alchimie de mon corps
me fasse oublier que je cours
que la douleur dépasse l'effort

Je cours
pour l'anesthésie progressive

Je cours toujours contre le temps
parce que je ne guérirai pas
parce que la bête est incrustée
parce que c'est elle qui restera

Je cours contre les aménagements
contre les solutions en toc
contre les faux sourires et les breloques
qui chassent le mal(e) mais ne le tuent pas

Je cours pour pas prendre soin de moi
je cours pour pas voir le chemin
je cours pour provoquer la fin
pour pas qu'elle parte plus loin

Je cours
pour l'anesthésie progressive

Je cours comme un oiseau face au vent
supporté contre la tempête
je cours pour l'immobilité
contre le temps et ses arrêtes

Je cours contre le mouvement
en provoquant des tourbillons
des rires, des semblants d'intention
des attitudes pour l'altitude

Je cours pour surtout pas tomber
je cours pour surtout pas crever
je cours pour surtout pas m'crasher
tout en bas à six pieds sous terre
où l'anesthésie ne suffit plus
à faire oublier les dents des vers.

("En fait, c'est assez simple. J'ai eu l'idée en courant. Quand tu cours, les premiers temps sont difficiles, douloureux. Et petit à petit, ton corps accepte le rythme et tu oublies le mal. C'est les hormones, je crois. Ou l'hyperventilation. Enfin tu vois le truc. J'appelle ça : la technique de l'anesthésie progressive. Aujourd'hui, je sais que je ne guérirai pas. Il y aura toujours des traitements, des aménagements, des arrangements, du bricolage, des solutions toc à durée de vie limitée, mais la bête noire, elle, ne disparaitra jamais. Elle est définitivement là, ancrée dans toute ma chair. Alors plutôt que de prendre soin de moi, je soigne le mal par le mal. J'applique la technique de l'anesthésie progressive. Ne jamais s'arrêter, appuyer toujours plus fort là où il y a un problème, jusqu'à ce que le seuil de tolérance soit dépassé. Alors hormones ou hyperventilation et tu ne te rends plus compte de rien. As-tu déjà observé les mouettes dans la tempête? Elles se mettent face au vent et se laissent porter. Elles sont immobiles, elles n'avance pas, ne reculent pas / mortes \. L'idée n'est pas forcément d'être en mouvement. Mais qu'il y ait en tout cas suffisamment de tourbillons pour rester en altitude. Tant qu'il y a du vent, tout va bien. Mais quand ça s'arrête? C'est quand ça s'arrête que la chute est dure et on n'est jamais assez anesthésié pour supporter un crash à mille mètres du sol. Alors en attendant, je vais reprendre un verre en même temps que ma course pour pas que le vent retombe.")

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