Pages

mardi 26 janvier 2010

To you.

* Et quand ça vient dans mes doigts
Je n'mens pas
J'te jure ça parle de toi
Peut-être un peu fort quelquefois
Mais il faut pas t'en faire pour ça *

C'était la première fois qu'il prenait sa guitare. Je ne l'avais jamais vu jouer avant. Assise là sur le canapé à regarder la nuit par la fenêtre, je l'ai entendu commencer à égrener des notes à côté de moi. Tout était calme, tout était bien. J'ai serré ma tasse pleine de tisane un peu plus fort entre mes mains et j'ai posé ma tête sur le dessus de son épaule. J'avais froid, j'aurais voulu me coller contre lui mais il y avait sa guitare contre son corps. Alors je me suis contentée de ça, du contact de sa clavicule contre ma tempe.

"Joue-moi un air", je lui ai dit, "joue-moi un air" et c'était les premiers mots que nous prononcions depuis longtemps. Des mots qui ne brisaient pas le silence mais qui le prolongeaient.

Alors il s'est mis à chanter et j'ai fermé les yeux. Sa voix était un peu rauque, un peu forcée. Et les notes coulaient sur les cordes et résonnaient au-dessus de nos têtes.

Mais je gardais les yeux fermés.

Quand enfin je l'ai regardé, il y avait une autre femme entre ses mains, entre ses mots, entre les formes de sa guitare.
Un fantôme dans ses paroles.
Une silhouette dans ses pupilles.
Un autre corps sous notre lit.

Il chantait pour une autre et c'est comme ça que j'ai compris.
J'ai commencé à pleurer.
"C'est beau", je lui ai dit", "c'est beau", et j'espérais ramener à moi ses mots.

Mais les notes s'envolaient au-dessus de nos têtes et la nuit est entrée lentement par la fenêtre.
Sa voix s'est étranglée.
Et je n'étais plus là.
J'étais déjà une étrangère.
Et ma tisane était froide.

Nous n'avons pas fait l'amour cette nuit là.
Je suis partie le lendemain, sans un mot.
Tout s'est fini sur une chanson qui n'était pas écrite pour moi.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire