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lundi 23 mars 2009
Après un stage à Douai...
Avant, mon corps était droit.
Ou plutôt non, il tournait rond.
Je n'ai jamais vraiment été un poids plume, mais il suffisait d'un peu de musique, du frémissement d'un mouvement, d'une silhouette gracieuse en ombre chinoise devant un projecteur, il suffisait d'un rien pour que ce corps trop massif s'élève, s'envole, s'oublie. Je dansais, et ma peau n'était plus trop grande. Je dansais, et ma chair ne me gênait plus. Tout était simple, facile, évident. Mes gestes s'enchainaient et s'imprimaient sur mes tissus sans même avoir à y penser. Avant, la danse était mon naturel. Avant, la danse était mon lieu de vie.
Et puis mes vertèbres ont vrillé pour se donner un air de Pise ; et elles ont fait perdre à ma tour le contrôle. Il suffit d'un rien, une petite fantaisie vertébrale pour que tout s'emballe. Mes os se sont mis à danser - demi-tour gauche plié! - et ont privé tout les autres. Aujourd'hui, mon corps hurle à chaque mouvement. Il s'emmêle les pinceaux autour de mes petites danseuses figées. Je tangue, je tombe ; mes membres ne comprennent plus les signaux que je leur envoie.
Ce ne sont pas les bleus qui font mal, ni les entorses, ni les élongations ; ce ne sont pas les nerfs qui se coincent ou les chairs compressées dans un corset. Ce qui fait mal, c'est d'avoir perdu son naturel.
On pense qu'une fois appris, on n'oubliera jamais comment lire, écrire, compter ou mâcher un chewing gum. Moi, je ne sais plus danser.
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