Je me souviens de tous les détails.
Les murs étaient blancs mais à bien y regarder, là, à la jointure au niveau du plafond, on pouvait voir que la peinture avait jauni. Je me souviens m'être dit que sans doute il fumait. Il y avait aussi une fissure dans le coin gauche de la pièce. Elle devait être longue ; il l'avait maladroitement cachée sous un poster d'Iron Maiden, mais les dernières fourches de la cassure grimpait jusque là-haut.
Quoi d'autre encore?
Le ciel. Gris. Sombre. Une fin d'après-midi d'hiver. Il avait fait moche toute la journée et je voyais par la fenêtre la lumière tomber de plus en plus. Il devait être dix-huit ou dix-neuf heures. Et je ne savais pas depuis combien de temps j'étais là. L'horloge au-dessus de la porte ne marchait plus ; la grande aiguille butait irrémédiablement contre le douze, comme agitée d'un tic nerveux.
Je me souviens encore de l'étagère au-dessus de ma tête. Je voyais les livres, couchés à l'horizontal, et je devais me concentrer pour lire les titres à l'envers. Quelques mangas. Un classique. Rousseau, je crois. Une nouvelle d'Henri Miller. Je n'ai pas d'à priori, d'habitude, mais cette fois j'ai été surprise.
Il y avait aussi une ampoule qui pendait au bout de fils électriques dénudés. Des bouts de scotch sur un mur. Des gros cartons, au dessus de l'armoire, barré d'un autocollant "Fragile". Une page de magazine, grossièrement arrachée et placardée près de la fenêtre. Un clou. Des écailles. Du vide.
Je me souviens de tout, voyez-vous. Je me souviens surtout de sa peau rêche.
Je leur ai tout dit, tout ça. Donné tous les détails, toutes les informations. Mais ils m'ont répondu que ce ne serait pas suffisant pour l'arrêter.
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