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mardi 16 février 2010

Follow the yellow brick road.

* Depuis je suis peureuse *

J'avançais droit sur le chemin, moi, j'avançais droit, sûre de mes pas, les yeux plantés dans l'horizon, le souffle calme, les cheveux plats, j'avançais calmement sur les pavés polis, ni chaud ni froid, juste à température ambiante. J'avançais pas à pas, en pénitence, et la forêt était loin derrière moi, je crois, loin derrière moi.

Et puis, comment te dire, et puis tu m'as bousculée et dans la bousculade, tu as pris ma main ; tu arrivais en sens inverse sur le chemin et dans la bousculade, comment te dire, tu as glacé ma main. Je me suis figée là, toute étonnée de ce froid dans ma main qui brûlait tous mes membres et faisait exploser ma tête. Je me suis figée là, me suis craquelée comme autrefois, comme la boue qui subit les différences d'intempéries. Je me suis figée là et j'ai suivi ta main sur le chemin qui remplaçait mes jambes et transfusait du carburant. Et je te suis maintenant, je te suis, accrochée que je suis, je te suis en courant, débraillée, ébahie, les yeux plantés à l'arrière de ta tête, à l'arrière de tes yeux plantés dans l'horizon. Et ce n'est pas que j'aime pas ça, ce n'est pas que j'aime pas faire confiance à ta voix, à ta chaleur et à ton froid qui m'ont recraquelée pour mettre des sensations dans tous mes interstices, mes interstices bouchés avant la bousculade. C'est pas que j'aime pas ça, tes cheveux dans mon horizon ou tes épaules pour toute indication. Mais qu'est-ce qu'il me restera, à moi, quand tu lâcheras ma main sur le chemin que je ne reconnaitrai plus à force de regarder ta nuque? Qu'est-ce qui me restera à moi quand je n'aurai plus suffisamment d'élan à force de me calquer sur tes pas? Tu seras là, toi, pour m'apprendre à marcher sans toi? Qu'est-ce qui me restera à moi quand t'auras plus besoin de moi?

Qu'est-ce qui me restera à moi quand il me faudra être une femme sans homme, quand il me faudra réapprendre à avancer droit sur le chemin, sûre de mes pas, les yeux plantés dans l'horizon, le souffle calme, les cheveux plats? A quoi me servira cette féminité là, cette baudruche crevée qui a tant amusé? Me faudra-t-il encore une fois me battre et me gonfler à bloc avec des rustines? Faudrait-il cette fois prendre un autre chemin, autre chemin que toi, avant la crevaison, avant d'atteindre l'horizon?

Je n'ai pas de réponses à ça, tu vois, pas de réponse à ça. Alors je serre ta main pour pas que tu la lâches et je serrerai si fort, je serrerai encore jusqu'à t'arrêter toi, jusqu'à te lâcher toi, et reprendrai ma route sur les pavés polis - et sous anesthésie.

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