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lundi 22 février 2010

L'irréparable.

* Shit night again *


J'avais un capital
capital
un capital love, liebe, amore, àst, sér, kärlek, kahnu, dashuri, gharau, mahabr, prem, ishta, myiya, ài, rakkaus, sarang, koerlihed, merout, armastus, agapi, ahava, serelem, pyaar, asmore, meile, okwagala, tia, kjoerlighet, mahabât, ljubov, ljubezen , here, cham-po, mbëgeel, ...

J'avais un capital d'amour à l'international que je pouvais déployer pour arroser mes pas de baisers multilingues. J'ai créé un langage mieux que l'esperanto.
J'ai créé la langue avec mon capital trop grand.

J'ai pris mon capital et l'ai balancé par la fenêtre, l'ai fait fuir dans des flaques de plasma, sur l'oreiller virtuel des corps cent fois chéris. Je l'ai gaspillé en le lançant dans des windows fermées, windows réfléchissantes qui renvoient ce dont on ne veut plus, windows qui encombrent de dépouilles les lancés inutiles.

Sous le plasma, mon amour a glissé et sous mes yeux s'est liquéfié.

Et je suis là sans écouter.
Comment aller dormir quand ça vague dans ma tête, quand ça pulse comme un sanglot, quand ça m'envahit et que je suis mouillée jusqu'aux os, mouillée dans mon ventre où mes ventricules se battent, trempée par les vagues qui gigotent, par la mer déchainée au dedans de ma tête, la mer qui se réveille quand on l'arrose, quand on l'arrose.

Et chaque soir, sous la fenêtre, j'entends des voix, des voix d'enfants, la voix de mon enfant qui crie.

Alors je roule d'un bout à l'autre de l'autoroute, attendant qu'un camion vienne barrer le bitume.

Je roule et je m'arrête.
J'attends le CRASH, le BOUM, le SPLASH.

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