Je voudrais te construire
des passerelles en arc en ciel
te transformer en belle sauterelle pour que tu sautes d'un jour à l'autre, d'un point à l'autre, sans peur et sans hésitation, aussi légère que l'air sur tes ailes toujours vertes.
Je voudrais te servir des cascades de couleurs, des êtres merveilleux ou trapus très grands, pour prendre soin de toi, petit crâne de pirate, pour que tu nages là-bas au milieu des nuages avec un sourire plus large que la surface de ton visage.
Je voudrais rendre belle ta vie qui ne sera jamais simple, je voudrais rendre belle ta vie, plus belle encore que tu ne peux l'imaginer, pour qu'elle soit suffisamment grande pour héberger ce que tu es, pour te contenir toute entière, te protéger et te bercer.
Je voudrais te donner...
Mais il est tard, vois-tu, déjà trop tard pour moi. J'étais remplie d'étoiles mais leurs branches en tombant m'ont toute saignée aux quatre veines et ont tué les alouettes dans le miroir qu'elles ont brisé.
Nos idéaux trop hauts nous ont ratiboisées, nos idéaux trop haut nous ont ratiboisées.
Et nos idées trop belles nous ont abandonnées.
Mais peut-être que tu pourrais. Peut-être que toi.
Peut-être si tu me donnes un peu de fil à retordre pour lifter mes sourires avec du fil de toi, peut-être qu'on pourrait recoudre dans le ciel quelques lumières par-ci par-là.
Peut-être qu'on pourrait redonner vie aux alouettes aux ailes cassées, comme ça, avec des "comme si".
Peut-être, peut-être si on essaye et si tu revenais, si tu redescendais de ton absence pour me montrer comment on fait, comment ça marche ici, en bas, pour me rendre un peu de ton innocence, de tes espoirs, de tes croyances.
Peut-être, petite soeur, peut-être.
Si tu voulais bien
vivre pour moi.
Pages
dimanche 21 novembre 2010
dimanche 26 septembre 2010
Bernard Marie Koltès 4 ever
"L'absolue cruauté n'est pas qu'un homme blesse l'autre, ou le mutile, ou le torture, ou lui arrache les membres et la tête, ou même le fasse pleure ; la vraie et terrible cruauté est celle de l'homme ou de l'animal qui rend l'homme ou l'animal inachevé, qui l'interrompt comme des points de suspension au milieu d'une phrase, qui se détourne de lui après l'avoir regardé, qui fait, de l'animal ou de l'homme, une erreur du regard, une erreur de jugement, une erreur, comme une lettre qu'on a commencée et qu'on froisse brutalement juste après avoir écrit la date."
Bernard Marie Koltès -Dans la solitude des champs de coton
jeudi 23 septembre 2010
Nervous breakdown en love mineur
* dialogue entre moi et moi-même *
L'urgence
Trouver l'urgence de l'écriture pour sortir la tête du flow
Le transformer en mots, en phrases, en suite de termes qui peut-être finiront par former du sens
mettraient un terme
à la dégringolade.
Mon écriture se déconstruit au fil des peines que tu m'infliges
Mon écriture
me sauve
De la honte et de la destruction
d'en être encore là.
J'ai cherché les plaies
J'ai cherché ces espaces où enfoncer le glaive
où enfoncer mon stylo
pour gratter
gratter les croutes ou le papier
J'ai cherché l'inspiration dans les chairs entrouvertes
Les interstices des corps béants.
J'ai voulu abriter mon coeur dans n'importe quelle poitrine pourvu qu'elle le fasse battre
Electrochocs
J'ai cherché l'inspiration dans ton sourire perdu
Raviver les couleurs par des marées de maux.
Je t'ai revu.
Tu te tiens là, toujours droit, toujours présent.
Tu te tiens là et je te hais mon amour
Je te hais pour toujours.
Tu souffles ton air froid, ton assurance sans faille
Tu avances dans la vie et me laisses
cadavre
Des années en arrière dans les tréfonds de ta mémoire
cadavre
qui tambourine dans le placard.
Je te hais mon amour et te souhaite de tout perdre
de te retrouver nu, fébrile, dépendant
accro à une drogue qui m'a rendue amère
Je hais ta pureté et ton corps encore blanc
Je hais tes lèvres, tes bras, tes yeux,
Je te déteste comme je peux.
Je t'ai revu et je replonge dans la souillure.
Je ne peux pas pleurer.
Je ne peux pas gueuler.
Je ne peux que te regarder
sourire
comme un hymne à la vie dont je n'a rien à foutre
attendre
le bout du chemin, le bout du tunnel.
J'attends
au bord du fleuve j'attends
au soleil j'attends
dans toute ma peau, dans toute ma tête j'attends
que quelque chose se passe
que quelque chose se fracasse.
J'attends le tumulte.
Je t'ai revu pour crier ma présence, te rappeler que j'étais là et que je ne le suis plus
Je t'ai revu pour apprendre, pour grandir
pour construire ma rage
détruire mes souvenirs.
Je me tiens seule, ensanglantée, au milieu du carnage
Je n'ai plus de bras, plus de jambes
déchiquetés
plus de doigts à mes pieds
plus d'épaules, plus de tronc
Je n'ai plus qu'une bouche qui se noie dans le vent
Je suis une mare de chair qui gît sur les pavés
que tu piétines chaque jour mon amour
sans savoir quel meurtrier tu fais.
Je suis venue pour pas te dire au revoir, mon amour
Je suis venue pour surtout pas y croire
Je suis venue pour ta beauté, mon ange
Pour m'englober dans ton schéma.
Je suis venue
pour te dire que je vais bien
que tout va bien
que la vie sans toi ne sent rien
mais qu'elle vaut quelque chose
qu'elle vaut pour moi
pour mon bonheur
que tout est bien comme ça
sans douleur
sans craquements, sans heurts
qu'elle vaut
pour
...
mercredi 30 juin 2010
[Deuxième version] Lemon tree
Je me sens si... tron pressé. On m'a toujours squeezée comme on presse un citron pour me dépêcher de tout donner, de donner tout et à tout le monde comme on étrangle un agrume à mains nues.
Citron pressé, c'est ça, citron pressé de grandir sans avoir le temps de découvrir, citron pressé d'apprendre en passant par les mailles du pressoir commun pour rester dans la chaine, roulant comme sur le tapis noir d'un supermarché vers un avenir déjà tracé, l'avenir du citron pressé qu'on presse au plus vite avant qu'il ne pourrisse pour ne pas perdre une seule goutte de sa jeunesse dorée.
Citron pressé de mûrir et d'être forte, citron pressé de tout savoir, de tout connaitre, citron pressé d'être belle, comme une Shiva à trois mille bras, trois cent à l'heure dans le presseur pour presser les citrons d'avoir une bonne situation et d'être heureuse et amoureuse... et puis aussi d'être sexy avec la peau qui pique mais qui attire aussi, citron pressé dans mon corps compressé, citron pressé d'aimer tous ceux qui m'ont serrée, caressée, écrasée, tirée tout le jus de mon coeur d'agrume citronné.
On m'a tellement citron pressé que j'ai l'amour amer au fond du verre. Plus de jus, plus de pulpe, mais pas mal de pépins, des pépins à foison et à vif et au fond de mon acide citron. On m'a tellement citron pressé que mon acide citrique est devenu nitrique, qu'il faudrait plus grand chose pour calciner les regards des presseurs trop pressés qui pensent pouvoir piquer mon écorce zestée.
Et puis voilà que tu t'amènes avec ta gueule de sucrier. De l'aspartam, j'en ai goûté mais là, je vois que c'est plus du chiqué. Tu remplaces mon acidité par plein de grains de poésie, disséminés un peu partout sur mes lèvres et puis sur toute ma vie. Tu te ramènes, des cristaux plein les yeux pour me tourner en limonade, tu me fais voir le monde avec des bulles dans les moindre détails.
Pourtant, rien n'a changé, mais le goût n'est plus le même. C'est la source qui s'est déplacée, d'un pH à un autre, de l'amer à la base.
Je suis venue te dire merci.
Parce que la poésie est entrée dans ma vie et que je vois le monde en rose Sugar Daddy. Et par toute cette prose, je recueille les morceaux et les recolle ensemble pour caraméliser le temps que je prends maintenant.
Je suis venue te dire au revoir.
Car je suis prête maintenant à raconter ce monde, à lancer des cristaux dans les yeux qui m'écoutent pour saupoudrer du haut de mon micro chaque citron qu'on presse trop.
Citron pressé, c'est ça, citron pressé de grandir sans avoir le temps de découvrir, citron pressé d'apprendre en passant par les mailles du pressoir commun pour rester dans la chaine, roulant comme sur le tapis noir d'un supermarché vers un avenir déjà tracé, l'avenir du citron pressé qu'on presse au plus vite avant qu'il ne pourrisse pour ne pas perdre une seule goutte de sa jeunesse dorée.
Citron pressé de mûrir et d'être forte, citron pressé de tout savoir, de tout connaitre, citron pressé d'être belle, comme une Shiva à trois mille bras, trois cent à l'heure dans le presseur pour presser les citrons d'avoir une bonne situation et d'être heureuse et amoureuse... et puis aussi d'être sexy avec la peau qui pique mais qui attire aussi, citron pressé dans mon corps compressé, citron pressé d'aimer tous ceux qui m'ont serrée, caressée, écrasée, tirée tout le jus de mon coeur d'agrume citronné.
On m'a tellement citron pressé que j'ai l'amour amer au fond du verre. Plus de jus, plus de pulpe, mais pas mal de pépins, des pépins à foison et à vif et au fond de mon acide citron. On m'a tellement citron pressé que mon acide citrique est devenu nitrique, qu'il faudrait plus grand chose pour calciner les regards des presseurs trop pressés qui pensent pouvoir piquer mon écorce zestée.
Et puis voilà que tu t'amènes avec ta gueule de sucrier. De l'aspartam, j'en ai goûté mais là, je vois que c'est plus du chiqué. Tu remplaces mon acidité par plein de grains de poésie, disséminés un peu partout sur mes lèvres et puis sur toute ma vie. Tu te ramènes, des cristaux plein les yeux pour me tourner en limonade, tu me fais voir le monde avec des bulles dans les moindre détails.
Pourtant, rien n'a changé, mais le goût n'est plus le même. C'est la source qui s'est déplacée, d'un pH à un autre, de l'amer à la base.
Je suis venue te dire merci.
Parce que la poésie est entrée dans ma vie et que je vois le monde en rose Sugar Daddy. Et par toute cette prose, je recueille les morceaux et les recolle ensemble pour caraméliser le temps que je prends maintenant.
Je suis venue te dire au revoir.
Car je suis prête maintenant à raconter ce monde, à lancer des cristaux dans les yeux qui m'écoutent pour saupoudrer du haut de mon micro chaque citron qu'on presse trop.
mercredi 19 mai 2010
Lemon Tree
Je me sens [si]... tron pressé. On m'a toujours squeezée comme un citron pour me dépêcher de tout donner, de donner tout et tout d'un coup comme on étrangle un agrume à mains nues. Citron pressé, c'est ça, citron pressé de grandir et d'être forte, de tout faire, tout découvrir et tout savoir, citron pressé d'être belle, intelligente, d'avoir une bonne situation, citron pressé d'être amoureuse... et puis surtout d'être sexy, avec la peau qui pique mais qui attire aussi, citron pressé d'avancer dans mon corps compressé, citron pressé de vivre et de sourire et de dire oui et puis surtout d'aimer tous ceux qui m'ont serrée, caressée, écrasée, tirée tout le jus de mon coeur d'agrume citronné.
On m'a tellement citron pressé que j'ai l'amour amer au fond du verre. Plus de jus, plus de pulpe, mais pas mal de pépins, des pépins à foison et à vif et au fond de mon acide citron. On m'a tellement citron pressé que mon acide citrique est devenu nitrique, qu'il faudrait plus grand chose pour calciner les regards des presseurs trop pressés qui pensent pouvoir piquer mon écorce zestée.
Alors maintenant tu vois, il faudrait juste un peu de sucre, un peu de miel même indigeste, même en si grande quantité que mes artères en seraient bouchées. Je veux du sucre à volonté, pas d'aspartame, pas de chiqué, mais de la douceur un tout petit peu ou un peu trop mais de la douceur pour garder juste un goût de citron tout à l'arrière de mon palais. Pour pas te bruler quand tu vas arriver ou bien t'offrir une limonade, un truc léger d'ado un peu attardé qu'on n'a jamais citron pressé.
On m'a tellement citron pressé que j'ai l'amour amer au fond du verre. Plus de jus, plus de pulpe, mais pas mal de pépins, des pépins à foison et à vif et au fond de mon acide citron. On m'a tellement citron pressé que mon acide citrique est devenu nitrique, qu'il faudrait plus grand chose pour calciner les regards des presseurs trop pressés qui pensent pouvoir piquer mon écorce zestée.
Alors maintenant tu vois, il faudrait juste un peu de sucre, un peu de miel même indigeste, même en si grande quantité que mes artères en seraient bouchées. Je veux du sucre à volonté, pas d'aspartame, pas de chiqué, mais de la douceur un tout petit peu ou un peu trop mais de la douceur pour garder juste un goût de citron tout à l'arrière de mon palais. Pour pas te bruler quand tu vas arriver ou bien t'offrir une limonade, un truc léger d'ado un peu attardé qu'on n'a jamais citron pressé.
vendredi 30 avril 2010
La plus que vive
Tu meurs à quarante-quatre ans, c'est jeune. Aurais-tu vécu mille ans, j'aurais dit la même chose : tu avais la jeunesse en toi, pour toi. Ce que j'appelle jeune, c'est vie, vie absolue, vie confondue de désespoir, d'amour et de gaieté. Désespoir, amour, gaieté. Qui a ces trois roses enfoncées dans le coeur a la jeune pour lui, en lui, avec lui. Je t'ai toujours perçue avec ces trois roses, cachées, oh si peu, dessous ta vraie douceur. L'amour était sans doute en toi depuis ta naissance, de même que sa petite soeur, la gaieté. Le désespoir a du venir avec l'éclat de tes seize ans, avec l'intuition qu'il n'y a jamais de répondant à l'amour, que l'amour est comme dans ce livre d'Emily Brontë : un fou qui court les montagnes, une parole déchirée par le vent, sans écho. Les hommes ne savent pas répondre à cette parole-là. Il ne faut pas trop leur en vouloir. Qui sait répondre au vent qui court dans les genêts?
La plus que vive - Christian Bobin
lundi 15 mars 2010
Dr House

* Only Huuuuugh can do make all this world seem right
O-only Huuuuugh can do make this darkness bright *
O-only Huuuuugh can do make this darkness bright *
Je sais pas comment vous expliquer, docteur... j'ai toujours eu une bonne santé, pourtant, mais là... tout va de travers. Ca a commencé brutalement... les jambes coupées, voilà. J'ai eu un malaise, le sol qui flanche au-dessous de moi et depuis ça, j'ai comme deux poids morts sous le ventre que je traine à longueur de journée. Non, je ne suis pas paralysée, d'accord... mais presque! Vous croyez que c'est quoi? La moelle épinière? J'y ai pensé parce que figure-vous que j'ai des douleurs terribles dans le dos. Comme si ma colonne vertébrale ne tenait plus rien. Je suis comme... désossée. C'est possible ça? De perdre un os en route? Oui, je m'en serais rendue compte mais tout de même, ça expliquerait les douleurs musculaires : si tous mes muscles doivent se débrouiller tout seuls pour tenir en place, je laisse imaginer le tableau. Enfin, vous connaissez votre métier, bien sûr. Oh, je sais bien que vous avez du voir des choses bien pires mais je ne suis pas une chochotte, docteur! Si je vous en parle, c'est bien que quelque chose ne va pas. Vous comprenez... c'est comme si plus rien ne marchait en moi, vous voyez? Comme si tout s'était arrêté, comme si tout faisait grève. Comme si tout refusait de fonctionner.
Je vous ai dit que je n'arrivais plus à manger non plus? Rien de rien! Plus aucun goût, j'ai une atrophie des papilles, je crois. Ou alors, l'impression de ne plus avoir de ventre, ça vous dit quelque chose? On dirait qu'il est plein de ciment. C'est faux bien sûr, je n'en ai pas mangé, je vous rassure. Mais je le sens, là, le ciment. Plus rien ne bouge là-dedans, plus rien ne gigote, ça respire plus. Ca doit bien vouloir dire quelque chose, mais j'ai pas trouvé sur Google.
Mais en fait docteur... c'est cette fatigue, surtout, cette fatigue... C'est épuisant de transporter un corps qui ne veut plus vivre, vous voyez? Un corps qui hiberne, qui s'est éteint... c'est épuisant, docteur, épuisant. Je sais pas, il faudrait peut-être remplacer des choses? On fait tellement d'organes artificiels, aujourd'hui, il y a bien des solutions pour me soulager, m'aider un peu, pour ne pas que j'ai à me porter moi tout seule, non? Ca marche comment, un coeur en métal, par exemple? Je pourrais faire moins d'efforts avec ça, vous croyez?
Oh non, non, je n'ai pas besoin de pilules, de comprimés ou de piqûres de je ne sais quel fortifiant, non, rien de tout ça docteur. Ce n'est pas pour ça que je suis venue. Mais vous qui vous y connaissez là-dedans, dans tout ce qui est psychanalyse, psychologie, psychiatrie, tout ce qui touche à ça, vous voyez? Vous qui savez comment faire, docteur, peut-être que vous, vous pourriez... peut-être que vous, vous arriveriez à lui parler, docteur. Il faut lui dire de revenir, docteur, il faut lui dire de revenir.
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