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lundi 8 décembre 2008

Atelier d'écriture n°3 : fictionner à partir de la lettre d'un proche.

Consigne : envoyer un lettre à un proche disant "Ecris-moi quelque chose de moi que je ne sais pas" ; fictionner à partir de la réponse.

Texte à lire à voix haute. Attention aux changements de rythme.

Oui, oui, ça va! Je suis très occupée en ce moment, je n'ai plus une minute à moi. Professionnellement, j'ai beaucoup avancé : on a eu beaucoup d'opportunités inespérées ces derniers mois et on a pu établis pas mal de nouveaux partenariats. Il faut dire que dans ce secteur, ça bouge énormément. L'essentiel, c'est de rester sur le qui-vive et de saisir tout ce qui est à notre portée. Il n'y a que comme ça qu'on réussit aujourd'hui, c'est bien connu. Mais du coup, c'est vrai que je suis toujours à droite à gauche, je n'ai plus trop le temps de me poser. On me traite d'hyperactive, alors tu vois... Mais c'est mon moteur, clairement, j'ai besoin de ce rythme effréné, de ce tourbillon incessant pour me sentir vivante, pour ne surtout pas penser.

Je travaille sur des projets très différents en fait. Tout ça devrait se développer cette année, assez rapidement, alors j'essaye de rester disponible. C'est sûr, il faut être capable de jongler entre tout ça, mais tu sais, quand on est passionné, on arrive à tout. D'autant plus que ce sont des projets vides de sens auxquels je ne crois plus du tout et qui pompent tout mon énergie - je suis une loque.

Cela dit, ne crois pas que tout ça empiète sur ma vie privée. Je continue à voir du monde, je crois même que je ne suis jamais autant sortie qu'en ce moment. Ca me fait un bien fou. Je regarde mes amis qui rient autour de moi, et je me dis : "Comment je pourrais faire pour vivre sans toi?" Alors j'enchaine les verres pour ne plus y voir ton visage, je brûle ton image, je brise les souvenirs à coups d'éclats de rire ; je rentre avec les derniers métros pour être un peu moins seule et mon sourire s'effiloche au fil des stations.

Ma vie est vraiment bien remplie - et je suis pleine de vide. Je la gave autant que je peux, de bouffe et de personnages derrière lesquels je peux disparaitre. Je ne connais plus personne, personne ne me connait, tu es parti avec mes tripes, tu es parti avec mon identité, tu es parti avec tout ce qui faisait que je restais debout et je n'ai plus qu'à courir, courir, courir pour ne pas tomber, courir pour ne pas crever ou cracher à la face de ce monde qui n'a plus aucun sens, tu entends, plus aucun sens depuis que tu as tout éparpillé, tout piétiné à coups de pieds, depuis que tu m'as laissée là toute seule, me débrouiller toute seule pour consumer la vie, pour faire semblant que je m'en fous, je m'en fous, je m'en fous, je m'en fous.





Et toi, ça va?

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