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mercredi 29 juillet 2009

Ventre à terre


Il fallait une sacrée dose d'amour tout de même vous trouvez pas oui une sacrée dose d'amour pour un sacré miracle mais c'était naturel après tout évident je m'y attendais un amour comme ça ça pulvérise tout ça va au delà de la logique des hommes au-delà de la barrière des sciences qui veut brider la nature mais quand c'est l'amour qui parle quand c'est l'amour y'a plus d'hormones y'a plus de latex y'a plus que des corps qui se veulent au delà de tout des prises de têtes et des magouilles dégueulasse y'a que des corps qui s'aiment et nos corps se sont toujours aimés ça je l'ai toujours su malgré tout ce qu'il a pu dire nos corps se sont toujours aimés c'était évident naturel aimés partout tout le temps dans toutes les positions dans tous les recoins ce sont les corps qui parlent pas la tête et son corps voulait vivre en moi et mon corps voulait sa vie en lui et quand c'est le corps qui décide on n'y peut rien et c'est comme ça on n'y peut rien et c'est comme ça c'est comme ça c'était sûr parce que moi j'ai jamais aimé avec le cœur le cœur ça va ça vient moi j'aime avec le ventre et mon ventre il a toujours été affamé de lui à le réclamer toujours alors je mordais je mordais pour nourrir mon ventre qui voulait que lui et rien d'autre même le chocolat ça allait pas c'était sa peau à lui alors non je ne vois pas ce qu'il y a d'étonnant à ce que mon ventre ait voulu le retenir piquer un bout de lui pour le planter et le laisser me pulvériser le planter pour que ça grandisse là comme notre amour comme notre petite merveille qu'on aurait appelée je sais pas qu'on aurait appelée comme il aurait voulu Anna Lou Manon Léo Elsa Louise Théo Maxence Lucas Noémie Anouch Paul Cassandre Yann Mélina Arnaud Guillaume Pablo Sevan Nora qu'on aurait appelée à l'image de notre amour parce que comme notre amour on n'y croyait pas mais alors pas du tout et comme notre amour il est parti et il a emmené avec lui notre petit Annaloumanonléoelsalouisethéomaxencelucasnoémieanouchpaulcassandreyannmélinaarnaudguillaumepablosevannora il a tiré le fil et il est parti alors la merveille aussi elle n'a pas tenu comme notre amour qu'il a emporté parti avec la vie la vie de la merveille parti par là où il était rentré et notre petit Annaloumanonléoelsalouisethéomaxencelucasnoémieanouchpaulcassandreyannmélinaarnaudguillaumepablosevannora au fond des toilettes comme une petite boule qui flotte un bouchon qui m'a débouchée là au milieu du Canard WC notre amour de chair à la chasse que c'est encore moi qui dois tirer la chasse que c'est moi qui dois chasser la merveille dans les canalisations et dire adieu et merde adieu et merde en silence adieu et merde dans la cuvette adieu et merde c'était peut-être un peu trop beau.

lundi 15 juin 2009

Ce n'est rien

(c) S@nd


Ce n'est rien
ce n'est
franchement pas grand chose.
Il s'agit simplement de trouver le déclic
l'impulsion
l'impulsion de vie.
Il s'agit
vraiment
d'un tout petit rien.
Se redresser sans avoir peur
lever la tête
fièrement
regarder sans plus aucune crainte cette vie dans les yeux
et lui cracher à la gueule.
Alors
ce sera
l'apaisement
alors
tout ira mieux
car plus rien n'aura d'importance
car plus rien ne me fera peur.

Ce n'est rien
plus rien ne m'entravera
et j'irai droit de l'avant
je foncera à travers temps
et je défoncerai les murs
et je défoncerai le ciel
pour un peu plus de clarté
pour un peu plus de lumière.

Ce n'est rien
il suffit maintenant de
se lancer
y aller
ce n'est vraiment rien, après tout
ce n'est que
sept étages.

dimanche 7 juin 2009

Dos

Je suis là et puis tout d'un coup ça fait...
électrochoc
ton dos
tu sais, comme ces mecs qui se prennent une décharge électrique et qui restent plaqués sur le sol, les murs, les plafonds
Moi, je suis plaquée contre une vitrine
et je te vois derrière
de dos
ton dos
quelque chose a craqué là quelque part là dans un coin de tête
et c'est la
Déferlante
l'Electrochoc
la
Déferlante des images
des toi + moi en équation, l'isolation en solution
l'inconnue
n'est pas
en X
ça, non
ça, on connaissait
l'inconnue, c'était...
c'était quoi, déjà?

toi+moi

Je fais des calculs sur le tableau noir de ton dos, entre tes deux omoplates

Ne te retourne pas, non
pas maintenant, attends
laisse passer l'orage
là, je ne supporterais pas
non
affronter ton regard qui me rappellera que l'inconnue, c'est cette vitrine
la vitrine que je me trimballe partout autour de moi
et si je tends la main vers ton dos
ton dos
si je tends la main vers ton dos
ce sera froid
froid contre la vitrine
froid contre toi derrière la vitrine.

Alors ce dos-là, je le garde
j'ai l'habitude.

Mes histoires d'amour
sont toujours
vécues de dos

dimanche 24 mai 2009

CaCO3

Il prend soin de moi comme d'une coquille d'oeuf
fragile et vide
ses mains aussi légères que des plumes sur mes épaules, des plumes pour m'envoler aussi loin que mon calcite le pourra.

Il prend soin de moi comme d'une coquille d'oeuf
parce qu'il est le seul à avoir vu, compris qui de l'oeuf ou la poule
su enlever la paille et la poule pour prendre entre ses bras la coquille, seule, sans la briser, entre ses bras lovée.

Il prend soin de moi comme d'une coquille d'oeuf
jamais brutal, toujours si doux, apaisant, prévenant
sachant apaiser les frissons de ma décalcification.

Il m'entoure de coton, me confectionne un nid pour y grandir au chaud, et je pourrais y être heureuse, si heureuse, loin des fissures, des blessures, des violences, dans son confort permanent.

Mais si je suis une coquille d'oeuf, alors...
Si je suis une coquille d'oeuf.
Toute coquille doit se briser un jour ou l'autre.
Alors je roule hors de son nid et je m'éclate sur le sol.

dimanche 17 mai 2009

[Variations] Tainted Love


Pétris-moi le corps encore
tes doigts dans ma chair
la peau marquée à l'émail de tes dents
les traces sont effacées mais je n'ai pas oublié, pas oublié les bleus des nuits dérobées, pas oublié le sang dans la tête, les tempes battantes du plaisir des coupables, les cris étouffés, la douceur douloureuse.

Pétris-moi le corps encore
avant que je n'étouffe de me souvenir
déchaine-toi, enchaine-moi, charme-moi dans la buée de tes soupirs
marque-moi au fer de tes lèvres
débats-moi dans tes bras encore une dernière fois.

Je porte tes égratignures pour exhiber les traces de ton passage sur moi.

***

J'ai
des lambeaux d'autoroute qui tracent des traits sur ma mémoire
J'ai
des souvenirs de toi en boucle qui pleuvent sur le faisceau des phares
J'ai
ton corps qui roule sur le bitume et puis tes cheveux dans la lune
J'ai
ton sourire sur les lumières qui me regardent en sens inverse
J'ai
tes doigts pour les traces blanches qui fixent mon parcours
J'ai
ta peau en GPS et ta salive en carburant
J'ai
envie de ton pare-choc à chaque tour de volant
J'ai
le mouvement de tes reins à la place des coups de frein.


Tu m'embrayes, tu m'embrouilles, tu me fais perdre mon essence
Et je finis ma course en nous crashant à contre-sens.

dimanche 12 avril 2009

Facebook [v.1]


Je me connecte sur Facebook. Adresse pré-enregistrée, mot de passe automatisé, socialement labellisée, je retrouve mes amis sur mon Wall. Rapide tour d'horizon, les gens que j'aime vont bien, leur statut est à jour. On s'échange quelques verres, une partie de poker et j'envoie un bisou à paillettes entre deux sushis sur l'appli "japanese food". Je sais plus trop quoi faire alors je fouille dans les photos d'une camarade d'école primaire qui a grossi, qui vit dans un trou paumé avec son mec ringard, ses potes ringards, son boulot ringard et ses fringues ringardes, hahaha, j'ai toujours su qu'elle finirait par rater sa vie. Stop! Y'a du mouvement sur le "profile" d'un friend. Changement de picture, tête de sa pouffe en avatar, cet étalage d'amour, vraiment, c'est indécent. Si elle savait que tout les deux, on a 97% de compatibilité sexuelle au Sexo Quizz et qu'on se poke toute la journée... c'est dingue comme il poke bien. Pour me venger, je réponds une vacherie sur elle aux "Petites questions entre amis", ce sera toujours ça de pris. Et là, je tombe sur les photos d'un event où j'ai pas été invitée. Je comprends pas, j'ai du être blacklistée, ça me rend mal, je change mon statut pour faire réagir mes contacts, un truc bien sombre pour avoir des messages dans ma box. Ca fait dix minutes et j'ai toujours pas de comment, pas même un like ou un clin d'oeil. Pourtant, je les vois débattre sur le link de Machine, pourquoi personne n'a rien écrit sur mon wall à moi depuis deux jours, pourquoi personne ne prend du temps et des nouvelles, ils m'oublient, ils m'aiment plus, c'est pas de ma faute si j'ai pas de connexion dans la journée, j'ai peur de perdre mes relations, je leur envoie des Pamela Anderson et je les chatouille à distance, ouf, ça y est, il y a des news dans mon feed, mais non, c'est juste une boule de neige envoyée par une conne partie vivre son rêve en Finlande, je le sais, je l'ai vu sur les albums de sa petite vie parfaite pendant que je colle la mienne au plasma, je me sens seule sur mon wall, je me sens seule face aux visages qui sourient Barbie et je me rends compte que j'ai perdu le goût des peaux. Alors je regarde mon profil et ça me rassure : j'ai plein de photos taggées, ça prouve que je fais des choses, que je suis entourée. Superpoke général, je retourne me coucher.

jeudi 2 avril 2009

Autopsie d'une femme libérée (suite... et fin?)

*God will forgive me but I, I whip myself with scorn *

D'abord, je me raserai la tête. Parce que ce sont mes cheveux qui m'identifient, qui me grillent à des kilomètres. Sans eux, je me fondrai dans la masse et je passerai incognito entre deux sexes.

Ensuite, je m'attaquerai à ma poitrine, pour qu'on tienne des promesses au lieu de tenir mes seins. Je rentrerai tout à l'intérieur pour plus de sincérité, pour ne plus que l'attention louche vers le téton, pour me débarrasser de ces obus que je n'ai jamais commandés.

Puis, j'arrêterai de manger pour faire partir mon ventre, pour faire partir mes hanches, pour faire partir mes fesses. Je disparaitrai dans le paysage, plate comme une planche de bois. Je serai trop lisse pour être saisie : il n'y aura plus de prise pour m'attraper, plus de plaisir à me caresser, plus de convoitise, plus rien.

Il ne restera que mon vagin et je ne sais toujours pas quoi en faire. Je ne peux pas l'arracher, je dois apprendre à l'avoir en moi, lui et les traces qu'on y a laissées. Je pourrais le boucher, le remplir de cire, l'étouffer, le condamner ; je pourrais l'agrafer, le coudre, le coller. Mais il restera là, comme un fantasme mystérieux qui hurle des hormones. Je ne peux pas accepter ça. Il faut que je trouve une solution imparable.

Je ne veux plus être une femme.
Je ne veux plus être une femme.

jeudi 26 mars 2009

Un beau gâchis.

Je passe devant la porte de ton immeuble ; je vois de la lumière à la fenêtre.
Et je me dis
que c'est quand même un beau gâchis.

Je regarde de vieilles photos de nous.
Et je me dis
que c'est quand même un beau gâchis.

J'écoute des chansons qu'on se passait au coin du lit.
Et je me dis
que c'est quand même un beau gâchis.

Je vois ta silhouette partout, même dans les pubs pour Monoprix.
Et je me dis
que c'est quand même un beau gâchis.

Je me trimballe avec ton parfum dans mon sac et je le sniffe dans le métro.
Et je me dis
que c'est quand même un beau gâchis.

J'ai envie de pleurer quand je vois quelqu'un porter la même chemise que toi.
Et je me dis
que c'est quand même un beau gâchis.

J'ai envie de pleurer tout le temps parce que tu n'as jamais porté de chemises très originales.
Et je me dis
que c'est quand même un beau gâchis.

Je remets des piles dans mon vibro ; ça sent la lose mais ça détend.
Et je me dis
que c'est quand même un beau gâchis.

Je change mon statut Facebook.
Tout le monde me dit
que c'est quand même un beau gâchis.

Mais il vaut mieux qu'il soit beau ce gâchis
il vaut mieux qu'il soit beau.
Je préfère hacher les belles histoires que remâcher les souvenirs moches.
Et des histoires comme la notre, j'en veux encore plein à gâcher.
Sauf que les prochaines fois, j'essayerai d'en prendre soin.

samedi 14 mars 2009

364 days

* Saint Nicholas, Saint Nicholas
At the North Pole

364 days spent all alone

Take off your boots

Pour a drink

Try not to cry

Try not to think *


J'ai bu de la bière et j'ai fumé des cigarettes
ça ne m'a pas guérie.
J'étais gelée, j'ai pris un bain bouillant
quarante-cinq degrés bien tassés
je prends des bains depuis sept ans pour y cramer ma peau froissée
ça n'a toujours pas marché
j'ai des bleus sur les genoux et le ventre gonflé
je souffre de dysmorphophobie et d'insomnie chronique.
Je me demande
parfois
combien de temps tiendra mon corps
sans sommeil
sans nourriture
sans colonne vertébrale digne de ce nom.

J'ai pris un bus il y a longtemps en écoutant du Damien Rice.
J'ai loupé mon arrêt et je tangue encore entre les fauteuils bleus.
J'ai loupé mon arrêt et je tourne en rond sans espérer le terminus.

mercredi 4 mars 2009

Note à benner


* So you came like a missile
Leaving me the whole world in exile *


Pousse-toi de là arrache-toi de moi tire-toi de moi laisse-moi tranquille.
Mon coeur est en partance et mon corps en transit
Je dégouline de toi
Plaquée au sol comme en exil, j'ai une valise dans le thorax et je hurle ton nom comme on hèle un taxi.

dimanche 1 mars 2009

[Chantier] Diagnostic prénatal.

Mon enfant,

Dans quelques mois, tu seras prêt à venir au monde. Alors je voudrais te dire deux ou trois choses, t'expliquer un peu pour que tu comprennes ce qui se passe ici.

Toute ma vie, j'ai essayé de rendre les gens qui m'entourent heureux. Il m'a toujours semblé qu'en cultivant le lien humain, nous arriverions à créer un nouveau monde, beau et chaleureux. Sans me vanter, je pense avoir été généreuse, présente, à l'écoute, et prête à tout pour rendre la vie un peu plus jolie, pour être fière d'accueillir un jour un petit bonhomme comme toi, fière de pouvoir te souhaiter la bienvenue dans un monde que j'aime et qui aurait mérité ta présence.

Et voilà où j'en suis.

Je voudrais que tu ne fasses pas les mêmes erreurs que moi. J'aimerais que tu naisses avec les yeux aussi ternes que possible et que tu sois l'être le plus ignoble et le plus égoïste du monde. Je veux que tu sois détestable, cynique - ou réaliste, au choix - et surtout, que tu n'éprouves rien pour personne. Vois le monde comme une immense cour de récréation dans laquelle tu es le roi ; les autres seront des tourniquets dévolus à ton amusement propre. Utilise-les autant que tu peux puis envoie-les valser : tu en seras d'autant plus aimé et admiré. N'aie aucun scrupule, aucun sentiment ; alors je te jure que tu seras heureux, que tu obtiendras tout ce que tu voudras. Tant que tu ne t'occuperas que de toi, que tu te suffiras entièrement à toi-même, il ne pourra rien t'arriver. Ne t'attache pas à moi non plus, je serais capable de te faire culpabiliser. Dès que tu peux, essaye plutôt de voir comment tu pourrais m'utiliser. J'ai beaucoup de ressources en tant que tourniquet, justement.

Voilà, mon enfant, comment ça se passe. Il est un peu tard pour moi, mais toi, tu peux encore t'en sortir.

Je pense que maintenant, tu as compris... pourquoi j'ai pris cette décision.
J'espère que tu ne m'en voudras pas. Mais c'est pour toi, pour ne pas que ça t'arrive.
Pardonne-moi, mon bonhomme.

...

Allez-y, docteur, faîtes ce que vous avez à faire.

jeudi 26 février 2009



"Je lui avais donné mes heures et mes nuits
Les clefs de ma porte et des choses de ma vie

Et voilà bien des jours que j'attends qu'elle revienne"


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Je suis assise par terre et j'attends que le soleil revienne.

J'attends dans la mémoire de sa chaleur, dans la couleur de ses rayons projetée sur l'écran blanc de mon cerveau. J'attends dans le brouillard que ses éclairs me clouent au ciel ; j'attends que mes souvenirs reprennent une forme humaine.

J'attends des années en arrière que tout soit différent.
Que le néon s'éteigne, qu'il n'y ait plus de tungstène.

Je suis assise par terre, j'attends depuis des heures.
Je suis assise par terre que le soleil revienne.
J'attends depuis des heures et j'ai froid et j'en crève.
Je suis aussi glacée que la terre sous mon dos.
Je suis aussi glacée que la terre sur ma face.

Le temps s'est effacé et le soleil n'est plus.

jeudi 11 décembre 2008

Electre - v 1.0


Arrêtez de me regarder.
Je sais bien à quoi je ressemble ; je suis un monstre.
Je porte ma peine en étendard au fond de mes orbites gonflées, et elle vous dégoûte.
Arrêtez de me regarder, je vous dis. Vos rétines sont des punaises qui m'arrachent des lambeaux de chair ; vos lèvres qui sourient sont autant de rasoirs qui laminent mes joues.
Je ne supporte plus vos yeux, je ne supporte plus vos bouches.
Qui est le plus monstrueux? Celui qui vit avec la mort ou celui qui est mort à force de l'avoir fuie?
J'ai mal mais je ressens.
J'ai mal mais je vibre.
J'ai mal mais j'écrase vos minables mines étriquées.
Laissez-moi, laissez-moi cracher mon fiel, laissez-moi bruler sous l'acidité lacrymale ; elle était en train de pourrir mon corps entier. Je veux qu'elle sorte, je veux qu'elle hurle, je veux que mes cils tombent un par un sous le poids de cette marée qui jaillit.
Laissez-moi faire et ne me regardez pas.
Ne me regardez pas.
Ne relevez les yeux que lorsque j'aurai suturé mes chairs. Quand je serai présentable.
Relevez les yeux quand vous me jugerez digne de ne plus être regardée.
Ne. Me. Regardez. Pas.

mardi 9 décembre 2008

Ca craquouille ou ça filouille?


Ma bague s'effiloche.
Ma putain de bague s'effiloche.
T'y crois, ça?
C'est quand même pas n'importe quelle bague, non? Cette bague a traversé les années, elle vient des années soixante-dix, elle a traversé des putain d'années pour arriver sur ce stupide étalage, pour arriver jusqu'à moi et maintenant, cette putain de bague s'effiloche.
Ca ne peut pas être une question de qualité. D'accord, cette bague est pourrie, miteuse, mais elle a vécu trente ans, tu comprends, trente putain d'années avant que JE n'arrive pour la mettre à MON doigt, trente ans pour qu'elle s'effiloche. Je veux dire, je n'ai jamais vraiment cru qu'elle était invincible mais quand même trente ans, elle doit tenir la route mais non je la mets à mon doigt et elle s'effiloche.
Psychologiquement, je veux dire, si on admet que je puisse être touchée par la dégradation de cette bague, psychologiquement, c'est quand même très dur de se dire que CETTE bague qui traverse le temps depuis trente ans, CETTE bague s'abime sur mon doigt. C'est quoi le truc? Psychiquement parlant, c'est quand même lourd, non? Je détruis tout ce que je touche ou tout ce qui me touche s'enfuit?
Je n'arrive pas à croire que CETTE bague, cette putain de bague...
Je veux dire... c'est pas comme si j'en n'avais pas pris soin ou quoi. J'en ai pris soin, je l'ai choyée, j'y croyais putain, j'ai mis de l'espoir dans cette putain de bague, je croyais en elle, j'y croyais, elle me paraissait fiable , tu comprends, fiable, viable, je sais plus mais enfin je pensais, non j'étais sûre qu'elle allait durer, cette putain de bague qui a traversé les années, trente putain d'années pour s'effilocher sur mon doigt. Je ne peux pas croire que ça finisse comme ça, putain que juste parce que j'en ai pris trop soin, les jointures craquent.
Comment ça ce ne sont pas les jointures qui craquent? Non, je sais que ce ne sont pas les jointures qui craquent, je sais bien qu'il n'y a pas de jointures mais si je parle de jointures c'est parce que c'est une image tu vois l'image des jointures qui craquent mais non ce ne sont pas les jointures qui craquent, concrètement en tout cas, ce ne sont pas les jointures qui craquent c'est moi qui craque et c'est ma bague qui s'effiloche. Et c'est un peu facile, je trouve, c'est un peu facile d'arriver comme ça, de constater les dégâts et de dire que j'en ai pas assez pris soin, que je ne m'y suis pas prise comme il faut et que ce ne sont pas les jointures qui craquent mais juste la bague qui s'effiloche. Je veux dire, si tu sais comment faire, toi, pourquoi tu ne t'es pas pointé avant pour ne pas que ça s'effiloche?
J'arrive pas à y croire.
Tout ça est vraiment... vraiment décevant. Vraiment... vraiment blessant.
C'est ça, blessant... et rageant.
J'aurais pu être très belle avec cette bague.

lundi 8 décembre 2008

Atelier d'écriture n°3 : fictionner à partir de la lettre d'un proche.

Consigne : envoyer un lettre à un proche disant "Ecris-moi quelque chose de moi que je ne sais pas" ; fictionner à partir de la réponse.

Texte à lire à voix haute. Attention aux changements de rythme.

Oui, oui, ça va! Je suis très occupée en ce moment, je n'ai plus une minute à moi. Professionnellement, j'ai beaucoup avancé : on a eu beaucoup d'opportunités inespérées ces derniers mois et on a pu établis pas mal de nouveaux partenariats. Il faut dire que dans ce secteur, ça bouge énormément. L'essentiel, c'est de rester sur le qui-vive et de saisir tout ce qui est à notre portée. Il n'y a que comme ça qu'on réussit aujourd'hui, c'est bien connu. Mais du coup, c'est vrai que je suis toujours à droite à gauche, je n'ai plus trop le temps de me poser. On me traite d'hyperactive, alors tu vois... Mais c'est mon moteur, clairement, j'ai besoin de ce rythme effréné, de ce tourbillon incessant pour me sentir vivante, pour ne surtout pas penser.

Je travaille sur des projets très différents en fait. Tout ça devrait se développer cette année, assez rapidement, alors j'essaye de rester disponible. C'est sûr, il faut être capable de jongler entre tout ça, mais tu sais, quand on est passionné, on arrive à tout. D'autant plus que ce sont des projets vides de sens auxquels je ne crois plus du tout et qui pompent tout mon énergie - je suis une loque.

Cela dit, ne crois pas que tout ça empiète sur ma vie privée. Je continue à voir du monde, je crois même que je ne suis jamais autant sortie qu'en ce moment. Ca me fait un bien fou. Je regarde mes amis qui rient autour de moi, et je me dis : "Comment je pourrais faire pour vivre sans toi?" Alors j'enchaine les verres pour ne plus y voir ton visage, je brûle ton image, je brise les souvenirs à coups d'éclats de rire ; je rentre avec les derniers métros pour être un peu moins seule et mon sourire s'effiloche au fil des stations.

Ma vie est vraiment bien remplie - et je suis pleine de vide. Je la gave autant que je peux, de bouffe et de personnages derrière lesquels je peux disparaitre. Je ne connais plus personne, personne ne me connait, tu es parti avec mes tripes, tu es parti avec mon identité, tu es parti avec tout ce qui faisait que je restais debout et je n'ai plus qu'à courir, courir, courir pour ne pas tomber, courir pour ne pas crever ou cracher à la face de ce monde qui n'a plus aucun sens, tu entends, plus aucun sens depuis que tu as tout éparpillé, tout piétiné à coups de pieds, depuis que tu m'as laissée là toute seule, me débrouiller toute seule pour consumer la vie, pour faire semblant que je m'en fous, je m'en fous, je m'en fous, je m'en fous.





Et toi, ça va?

lundi 1 décembre 2008

Variations : Ruptures au petit déj'




Mais je vous jure, Monsieur, c'était de la légitime défense. Vous ne me croyez pas? Laissez-moi vous raconter au moins... D'accord, c'est vrai, c'est moi qui ai... mais enfin, il s'apprêtait à faire quelque chose de bien pire, fallait bien que je réagisse!

Il était là, devant moi, il me regarde et comme ça, l'air de rien, il me dit : "A trois, je t'oublie." "Je t'oublie", il me dit, là, tout bêtement, comme on boit une tasse de café. Ca ne se dit pas des choses comme ça, vous comprenez, non? On n'oublie pas les gens comme ça, je lui dis, ça ne se fait pas, c'est quand même pas correct. Surtout après ce qu'on a vécu. Je veux dire, j'aurais été une petite nana à qui il aurait juste payé une barbe à papa dans une fête foraine ou je sais pas, d'accord, il aurait pu me dire : "Quand je sors de ce parc, je t'oublie". Mais enfin, quand même, pas à moi, pas comme ça... pas après tout ça.

"A trois, je t'oublie", il me dit, et j'ai pas mon mot à dire, c'est comme ça, c'est posé entre nos deux tartines. Et alors, il se met à compter, et il sourit presque. Et c'est son sourire qui me fait le plus mal, parce que je le connais ce sourire, c'est le plus beau des sourires et ça ne se peut pas, ça ne se peut pas que tout à coup, ce beau sourire serve à tuer des gens.

Alors voilà, il compte.
1... 2...
Je ne pouvais pas le laisser aller jusqu'à trois, vous comprenez?
C'est bien pire que n'importe quel crime d'oublier comme ça, non? Je veux dire... l'oubli... y'a rien de plus terrible... Le vide, le néant. C'est quand même bien plus insoutenable que de mourir.
Ca non, je ne pouvais pas le laisser m'oublier, le laisser me sortir de sa tête.
1...2...
J'ai trouvé que ça, le vieux pistolet du tiroir de la cuisine.
1...2...
Voilà. Je l'ai pas laissé dire trois.

(Je l'ai regardé droit dans les yeux parce que... vous savez... c'est toujours le visage qu'on oublie en premier).

******************************************************************

Il était assis en face de moi à la table de la cuisine. Je le regardais boire son café. Il a levé les yeux au-dessus de son bol et il m'a sourit. Ce sourire, mon dieu... ce sourire plein de soleil, si généreux qu'il réchauffait tout mes os. Il aurait pu raviver ma foi en n'importe quoi. Sans un mot, sans une parole. Seulement avec ce visage radieux.

J'ai longtemps cherché ce que je pouvais lui donner en retour. Mais j'ai eu beau fouiller dans mes brocantes, je n'ai jamais trouvé quoi que ce soit qui aurait pu avoir sa valeur. J'ai écumé les caves de breloques minables, j'ai essayé de forcer des coffres forts vides mais tout me faisait honte, tout était terne, tout était plat. Je n'avais rien à lui offrir ; et ce sourire me renvoyait à mon propre vide.

Il me regardait toujours. Tendrement. J'aurais voulu figer cet instant, ne jamais quitter cette douceur. J'ai eu envie de prendre son visage dans mes mains, lui dire que je l'aimais. Je lui ai souri, moi aussi, et j'ai dit : "Je te quitte".

jeudi 13 novembre 2008

Variations insomniaques


Ok, let's do this, let's do the drugs, let's do the chemical lobotomy, let's shut down the higher functions of my brain and perhaps I'll be a bit more fucking capable of living.

Sarah Kane - 4.48 Psychosis
Je. crack.

Trop de nuits sans couleurs
trop de nuits à couler
trop de nuits à errer
de marées en marées
de toile en toile
de net en vibe.

Trop de nuits sans somme en somme
il faut que je m'assomme à coups de somnifères - des massues pour éclater les bulles sans somme.

Funambule somnambule sur les nerfs qui me parcourent
je suis tombée de haut

Endors-moi Zolpidem, endors-mes nuits, endors mes jours, endors mon corps, endors ma tête.

Sommeil vermeil au slogan prometteur : résignation / fin de l'action.

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Je n'arrive plus à dormir.
Il y a dans ma tête un tourbillon d'images qui ne s'arrête jamais
des souvenirs
une frénésie qui étouffe les ombres du repos.

Mes paupières sont fermées et mes yeux s'ouvrent sur mon cerveau.

Et je pense à toi
qui étouffais mes peurs à bras nus.

J'ai un poison en guise de rêve
une drogue douce
un éphémère qui vole entre mes neurones : ses ailes ont fait pousser mes illusions.
Des mirages d'images à mirer qui te font miroiter à l'infini.
Ton reflet qui se répercute entre mes synapses et s'emmêle entre mes cils.
Pris au piège, pris au filet de mon exode mental.

Je n'arrive plus à dormir.

Ton image enfle dans ma tête et me décapite à l'insomnie.

******************************************************************

mercredi 29 octobre 2008

Rétrospective d'une femme libérée [travail en cours]

25 novembre 2004

Il y a ce visage dans le miroir.
C'est le mien - mais je ne le reconnais plus.
Quelque chose l'a ravagé, quelque chose l'a marqué - à vie.

Mon corps aux enchères, pour espérer combler le vide qu'un bulldozer à creusé.

Je fais l'amour comme je ferais la mort.
Une déchéance, une chute de plus à chaque instant.

Mon corps en soldes, abandonné à qui le veut - ou plutôt qui le peut.

Ne me regarde pas.


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?? novembre 2008

Je suis une femme LIBRE!
Je n'ai aucune attache, jamais ; aucune emprise. Les hommes glissent sur moi comme ils glissent en moi. Pas de différence. Il me suffit de peau pour succomber à leurs caresses. Ils le savent ; ils aiment ça. Et je n'ai jamais rien pu leur demander d'autre.

Je suis une femme libre!
Si je te trouve, tu me tues.
Et je te trouve toujours.
Je sais les repérer, maintenant, ceux dont je connaîtrai bientôt la couleur des draps, la douceur des mains, les habitudes post-coïtales. Ils ont cette étincelle dans les yeux qui fait frémir mon derme. Mon épiderme. Mes terminaisons nerveuses. Ma moelle épinière. Qu'ils sucent jusqu'au dernier orgasme.

Je suis une femme libre.
"Tourne mon bouton, mon bouton tout rond, et je chanterai une chanson".
Pigeon rossignoble aveuglé par tes hanches, je roucoule quand tu ondules.
Sur commande, sur demande. Quel que soit l'endroit, quel que soit le moment - pas de refus, la maison offre un crédit illimité d'enjambées au septième ciel.

Je suis une femme libre...
Sous tes doigts, sous ta langue, sous tes lèvres, sous ta peau, sous ton corps, sous ton cul, sous ton sourire, sous tes promesses, sous tes caresses, sous mes espoirs, sous mes nuits saoules, sous sans avenir, sans dessus ni dessous, sans ego, sans amour, sans attente, sans retour, sans lutte.

Je suis une femme libre-service.

dimanche 19 octobre 2008

Atelier d'écriture n°2 : écrire à partir du texte d'un autre.

"Je m'appelle Paule. A prononcer Paule, pas "pôle". D'ordinaire, je ne suis pas une de vos soeurs, mais j'ai péché. J'ai pris le RER et lui ai brisé le coeur. Il m'a dit : "Ce n'est pas encore l'heure de se séparer". Il pleurait comme un saule. "L'ère est au changement", lui ai-je dit. Depuis, j'erre de gare en gare, de lit en lit, et pure, je ne le suis plus depuis longtemps."

Paule S.

Rêverie ferroviaire d'un amour itinérant.

Je m'appelle Anaïd. Avec un "d", pas un "s". Des trains, j'en ai pris, des mille et des cent. Descendre du quai, chercher des yeux une silhouette connue, qu'on serre mais qui finit toujours par s'échapper... je connais par coeur. Spécialiste ès adieux ferroviaires.

Je suis née gare Saint Lazare, entre les battants d'une porte automatique, dans le wagon d'un train Corail. Les paysages qui défilent aujourd'hui devant mes yeux sont les mêmes ; seule la B.O. est différente. Gare Saint Lazare en point d'ancrage, j'ai depuis erré, de rails en rails, de roues en rien, sans jamais renier mes origines.

Gare Montparnasse, d'abord : l'érotique exotisme des premiers baisers amers d'un gentil Breton, un corps à moitié désiré qui se déchire vers la mer. Une brève histoire aux couleurs bleues : bleuette, fleur bleue, bleu des vagues, vague à l'âme et bleu des souvenirs.

La gare du Nord, et le trouble adolescent d'une amitié un peu trop forte pour être honnête. Une soeur fidèle au bout du quai de la ligne Paris-Lille, les rails comme lien indéfectible. Je l'ai toujours retrouvée, en longeant la voie ferrée.

La gare de l'Est... ha... la gare de l'Est. Un an d'allers-retours au goût de sucre et de canelle. Des flammenkuches dans le bide et de l'amour dans les oreilles ; la peau sâtinée de caresses, les joues rayées de larmes à chaque voyage en sens inverse. La gare de l'Est... fief des premiers amours.

J'ai fait un break gare d'Austerlitz, pour retrouver les plaisirs chauds des voyages libérés. L'odeur du sable et du monoï comme autant de promesses d'aventures à venir.

(Et j'en ai eu marre des trains. J'ai préféré voler et m'envoyer en l'air aux quatre coins du monde. Amour international ou universel pour embrasser toute la planète ; soif de tendresse sans frontière, à distribuer et à reprendre. Il n'y a pas d'attaches au ciel.)

Et puis enfin, la gare de Lyon : son souffle en point d'interrogation, ses lèvres en point de suspension. La gare de Lyon a fini par se dérober sous mes pieds. J'aurais pu y planter ma tente d'itinérante en repentir, mais les billets étaient trop chers... surtout quand on ne peut pas composter.

J'ai fait le tour de toutes les lignes, sans atteindre le terminus. Aujourd'hui, je pose mes valises au confluent de toutes les gares, avec une petite annonce en panneau publicitaire : "Amour sédentaire cherche jeune Parisien pour - qui sait? - d'autres aventures ferroviaires."

mardi 14 octobre 2008

Atelier d'écriture n°1 (bis) : faire parler l'humain d'une image.

* Le monologue de la femme fautive. *

"Ce mec-là, si je l'ai touché, c'était pour t'oublier quelques instants, pour te chasser loin de ma tête, que là-dedans, t'as tout mis, tout foutu dessus dessous. T'as pas le droit de rester planté là, à moitié somnolent entre deux eaux, deux images. Faut que tu fasses place nette, je veux t'oublier un peu. Allez, juste le temps d'aller pisser tranquille. Donne-moi un peu de temps devant moi. Je vais bien me griller tout ça, toutes ces idées noires qui grésillent. Je l'ai pas bien touché ce mec, tu sais, je l'ai même pas regardé, je l'ai juste pris comme un cachet, comme un cachet pour t'oublier."

C'est pas exactement ça. Je ne sais plus pourquoi j'ai fait ça, mais c'était peut-être pour te rappeler à moi. Il avait la même odeur, tu vois, j'aurais presque pu confondre. Là, dans le noir, c'est ton fantôme que j'ai voulu embrasser. C'est de ta faute, tu vois, il fallait pas casser le fil, me laisser là sans rien comprendre, avec ce morceau de ficelle mou et plus rien au bout. C'était pour me consoler, je me suis accrochée à lui. Comme le naufragé à son radeau ; comme un kamikaze à sa prière.
Aujourd'hui, j'ai nagé pendant des heures en espérant que le chlore pourrait dissoudre mon humiliation. Je ne suis pas ce genre de fille, tu vois, qu'on câline sans penser à mal. J'ai trop de poitrine, tu vois, trop de gras à tripoter pour qu'on se contente de me serrer. Ca dépasse toujours. Il n'y a pas de bras assez grands pour ça. Ils me font rire, tous autant qu'ils sont, à baver, l'oeil luisant, à frétiller de la queue en déguisant leurs conneries de pulsions physiologiques derrière...
Non, attends, laisse-moi finir. Je suis allée acheter ton parfum, après. J'en ai versé sur mes poignets. Je sens l'homme, maintenant. Et à l'endroit que j'ai parfumé à l'odeur des souvenirs, il y a une marque brûlante, comme si c'était toi qui me touchais, là, dans le creux de la main. J'ai pas de mots pour te dire tout ça, j'ai pas de mots pour te dire que je ne peux pas te parler parce que je ne te trouve pas.
Oui, je l'ai touché ce mec, pour me faire croire que tu existes encore, que tu es bien vivant quelque part. Maintenant, je veux me noyer dans cette odeur. Je vais m'asperger de parfum et avaler le flacon entier, oui, le flacon entier pour avoir l'impression que tu es en moi. Je vais avaler le flacon entier et hurler ton prénom avec mon haleine qui exhalera ton parfum, pour te redonner corps, consistance. Je vais hurler jusqu'à ce que la honte et le dégoût s'évaporent, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien là où ça palpite.
Pardonne-moi, je t'en prie, pardonne moi. Je ne voulais pas faire de mal. Je voulais juste exister, au moins une nuit. Bien sûr que ça n'a pas marché, bien sûr que c'était un moyen de détruire les quelques ruines qu'il reste de... Je l'ai toujours su mais je n'ai plus rien... alors peu importe, tu vois, peu importe. Peu importe les blessures tant que...
Rien.
Simplement... peu importe.