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dimanche 19 octobre 2008

Atelier d'écriture n°2 : écrire à partir du texte d'un autre.

"Je m'appelle Paule. A prononcer Paule, pas "pôle". D'ordinaire, je ne suis pas une de vos soeurs, mais j'ai péché. J'ai pris le RER et lui ai brisé le coeur. Il m'a dit : "Ce n'est pas encore l'heure de se séparer". Il pleurait comme un saule. "L'ère est au changement", lui ai-je dit. Depuis, j'erre de gare en gare, de lit en lit, et pure, je ne le suis plus depuis longtemps."

Paule S.

Rêverie ferroviaire d'un amour itinérant.

Je m'appelle Anaïd. Avec un "d", pas un "s". Des trains, j'en ai pris, des mille et des cent. Descendre du quai, chercher des yeux une silhouette connue, qu'on serre mais qui finit toujours par s'échapper... je connais par coeur. Spécialiste ès adieux ferroviaires.

Je suis née gare Saint Lazare, entre les battants d'une porte automatique, dans le wagon d'un train Corail. Les paysages qui défilent aujourd'hui devant mes yeux sont les mêmes ; seule la B.O. est différente. Gare Saint Lazare en point d'ancrage, j'ai depuis erré, de rails en rails, de roues en rien, sans jamais renier mes origines.

Gare Montparnasse, d'abord : l'érotique exotisme des premiers baisers amers d'un gentil Breton, un corps à moitié désiré qui se déchire vers la mer. Une brève histoire aux couleurs bleues : bleuette, fleur bleue, bleu des vagues, vague à l'âme et bleu des souvenirs.

La gare du Nord, et le trouble adolescent d'une amitié un peu trop forte pour être honnête. Une soeur fidèle au bout du quai de la ligne Paris-Lille, les rails comme lien indéfectible. Je l'ai toujours retrouvée, en longeant la voie ferrée.

La gare de l'Est... ha... la gare de l'Est. Un an d'allers-retours au goût de sucre et de canelle. Des flammenkuches dans le bide et de l'amour dans les oreilles ; la peau sâtinée de caresses, les joues rayées de larmes à chaque voyage en sens inverse. La gare de l'Est... fief des premiers amours.

J'ai fait un break gare d'Austerlitz, pour retrouver les plaisirs chauds des voyages libérés. L'odeur du sable et du monoï comme autant de promesses d'aventures à venir.

(Et j'en ai eu marre des trains. J'ai préféré voler et m'envoyer en l'air aux quatre coins du monde. Amour international ou universel pour embrasser toute la planète ; soif de tendresse sans frontière, à distribuer et à reprendre. Il n'y a pas d'attaches au ciel.)

Et puis enfin, la gare de Lyon : son souffle en point d'interrogation, ses lèvres en point de suspension. La gare de Lyon a fini par se dérober sous mes pieds. J'aurais pu y planter ma tente d'itinérante en repentir, mais les billets étaient trop chers... surtout quand on ne peut pas composter.

J'ai fait le tour de toutes les lignes, sans atteindre le terminus. Aujourd'hui, je pose mes valises au confluent de toutes les gares, avec une petite annonce en panneau publicitaire : "Amour sédentaire cherche jeune Parisien pour - qui sait? - d'autres aventures ferroviaires."

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