Pages

Affichage des articles dont le libellé est Le petit théâtre de la vie.. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Le petit théâtre de la vie.. Afficher tous les articles

jeudi 7 mai 2009

Paul

"Il n'y a rien de pire que le confort.
Et c'est souvent en voulant donner le meilleur qu'on offre la pire chose qui soit."

mercredi 29 avril 2009

Try to remember

"Si j'étais un objet, je serais une bouilloire électrique."

Je remonte doucement la pente de mon passé. Ce n'est pas le chemin des écoliers mais plutôt des sauts en sens inverse dans les traces qu'ont laissé mes pas.

Il y a d'abord le trajet bien connu, la place de la mairie. Je longe les stands de nourriture et la vitrine de la librairie - était-elle déjà là il y a cinq ans? L'odeur du poulet grillé, les épices, l'odeur des gens qui vivent pendant que je me concentre pour retenir le digicode. Deux passages piétons, consécutifs, la fontaine qui ne marche que l'été, et puis enfin, la rue boisée, en douce montée. Il y a toujours le même immeuble, et toujours la même fenêtre étrange où s'éparpillent des cris d'oiseaux. Je n'ai jamais regardé à l'intérieur, je n'ai jamais osé tourner la tête. Les pépiements sonnent comme le signal du départ vers la dernière ligne droite.

Vite. Réfléchir aux premiers mots à dire, comment engager la conversation, trouver le sujet du jour, le filet de sauvetage si mes mots me noient au lieu de couler. Dernier passage piéton, déjà. Et là, la porte vitrée. Le code n'a pas changé, l'étiquette "rez-de-chaussée gauche" non plus. J'avais oublié la rapidité avec laquelle il fallait se jeter sur la poignée, dès le bouton de l'interphone enfoncé. Mais je n'ai pas oublié le chemin ; avec lui me revient instinctivement la douce et réconfortante culpabilité de pousser la porte "entrée libre". Ici non plus, rien n'a changé. Même moquette, même fauteuil qu'on choisit toujours à l'identique, même livres qu'on fait semblant de lire, même radio qu'on n'écoute pas. Même bonhomme qui m'accueille avec un sourire aussi apaisant qu'angoissant, dans le même lieu, avec les mêmes paroles. Sur son visage défilent celui de mes frères, de mon père, des hommes que j'ai aimés, celui de ma mère, d'ancêtres lointains et d'amis proches, de connaissances perdues, retrouvées, oubliées à tout jamais.

Et derrière lui, là, tout au bout de ce chemin qui n'a pas changé, il y a moi, qui m'attend là depuis toujours.

lundi 23 mars 2009

Après un stage à Douai...


Avant, mon corps était droit.

Ou plutôt non, il tournait rond.

Je n'ai jamais vraiment été un poids plume, mais il suffisait d'un peu de musique, du frémissement d'un mouvement, d'une silhouette gracieuse en ombre chinoise devant un projecteur, il suffisait d'un rien pour que ce corps trop massif s'élève, s'envole, s'oublie. Je dansais, et ma peau n'était plus trop grande. Je dansais, et ma chair ne me gênait plus. Tout était simple, facile, évident. Mes gestes s'enchainaient et s'imprimaient sur mes tissus sans même avoir à y penser. Avant, la danse était mon naturel. Avant, la danse était mon lieu de vie.

Et puis mes vertèbres ont vrillé pour se donner un air de Pise ; et elles ont fait perdre à ma tour le contrôle. Il suffit d'un rien, une petite fantaisie vertébrale pour que tout s'emballe. Mes os se sont mis à danser - demi-tour gauche plié! - et ont privé tout les autres. Aujourd'hui, mon corps hurle à chaque mouvement. Il s'emmêle les pinceaux autour de mes petites danseuses figées. Je tangue, je tombe ; mes membres ne comprennent plus les signaux que je leur envoie.

Ce ne sont pas les bleus qui font mal, ni les entorses, ni les élongations ; ce ne sont pas les nerfs qui se coincent ou les chairs compressées dans un corset. Ce qui fait mal, c'est d'avoir perdu son naturel.

On pense qu'une fois appris, on n'oubliera jamais comment lire, écrire, compter ou mâcher un chewing gum. Moi, je ne sais plus danser.

dimanche 15 février 2009

Confiance, connivence, considération, contact, etc...

Le mot "confiance" vient du latin "con", ensemble, et "fidere", se fier, croire.

...

'fin moi, ce que je retiens surtout, c'est que ça commence par "con".

Ca veut tout dire.

vendredi 2 janvier 2009

2009, année du bluff.

"Réintroduire du mythe et de l'utopie dans l'espace de vie commun, c'est faire entendre que nous pouvons agir sur notre quotidien, sur notre manière d'être ensemble et de partager."

Françoise Léger, Compagnie Ilotopies.

2009 passé de quelques instants, Curly et "bonne année", champagne, mousseux ou binouze, on rigole, on chante, c'est la fête. Et là, un jeune homme fort censé me dit dans l'oreillette : "Y'a un truc génial avec toi : t'es toute jeune mais t'as aucune illusion."
Bon, ça, c'est fait. Pan dans les dents, bam dans la gueule et bonne année grand-mère. J'en ai presque avalé mon Curly de travers.

Bref.

Puisque visiblement toutes mes illusions sont décédées, militons cette année pour le retour du merveilleux, de la magie, des voiles dans les pupilles, des étincelles dans le cerveau, de la surprise qui t'attend au coin de la rue, de l'inattendu qui te fait trébucher de ta routine tranquille, des petits trésors cachés, des pépites dissimulées, de tout ces petits trucs qui feront - peut-être - renaître les illusions.

Surprenons-nous les uns les autres.
Et bonne année à qui m'entend!

dimanche 30 novembre 2008

Résumé de la semaine.

Lundi matin, au chaud.
J'ouvre les yeux sur ma semaine.
Tout dort, rien n'a commencé.
Se lever, se lancer. Plus que sept jours.

Il fait froid, je cours dans la ville avec Massive Attack, "There's a man that lives next door", Noël approche et je plonge dans les rapports d'autopsie, la balle a traversé l'estomac, le pancréas, peut-être le bas du foi et les intestins, je dois trouver ma putain de substitution, "Si tu as tué Lysandre dans son sommeil, baignant jusqu'aux chevilles dans le sang, plonge dans l'abîme et tue-moi également, le soleil n'était pas plus fidèle au jour que lui envers-moi, se serait-il enfui loin d'Hermia endormie", j'ai trouvé ma substitution, mais attention danger, faut-il vraiment remuer les douleurs pour jouer du Shakespeare, 8h du matin, beaucoup trop tôt, beaucoup trop de choses à faire, d'évènements à voir, aller plus vite, rue Nationale dans un atelier de tricot clandestin, le cauchemar des mesures à prendre, bon sang, j'ai grossi, des verres de vin et des copains, Rachid Taha, mais mon lit est beaucoup trop loin, je peux remettre mon corset, ça fait un peu mal mais ça entre, c'est parti pour l'égotrip au musée, je suis la nouvelle statue du Louvre, admirez-moi, je suis une Atalante brisée par l'amour, laisse tomber Manoush et rentre bosser, je craque, bulle d'oxygène dans salle obscure, c'est incroyable ce que Mesrine ressemble à Alex, je suis en retard, lapin pressé, tu veux une bière, et si on partant en Suède, non ce ne sont pas des paroles en l'air, pulsion nocturne, arriver plus vite, aterrissage surprise dans le cercle polaire, au chaud, plus vite, au chaud, courir plus vite, plus vite, les enfants m'attendent, aujourd'hui on va danser, "We're gonna have some fun tonight, everything's allright, have some fun tonight", chantez avec moi, hurlez avec moi, on a besoin de se réchauffer bande de petits soleils, pain bio et barquette de sushis, oh, Fabien, parle-moi de violence, pas le temps, j'ai rendez-vous, il est bien ce théâtre, est-ce que la régie est fournie, coréalisation, "apportez-moi un texte", "une audition", bon sang, une audition, retour maison, "I'll get you in the end", métro Concorde, métro Bastille, conversations surréalistes avec du chocolat et du gingembre dans la bouche, cheveux coupés et bonne journée, est-ce qu'on peut compter les uns sur les autres, tu peux compter sur moi, ne t'inquiète pas, j'ai envie de, vodka tatin, chaos et confusion, à partir de quand est-ce que j'ai perdu mes mots, à partir de quand est-ce que ma mâchoire s'est scellée, urgence de l'écriture, parler à des inconnus, retour coton en bus de nuit et course dans la glace, chuchotements, gueule de bois et regard en vrac, Rêverie ferroviaire d'un amour itinérant, "tu sais, chaque fois que tu lis un de tes textes, ça me touche énormément, ça me fait frémir" -

- note d'intention, projet d'implantation, fais confiance au destin Matthieu, je t'en supplie, l'instinct, c'est la seule chose qui ne peut pas nous trahir, "My independance seems to vanish in the haze", joyeux anniversaire, verre cassé et chocolat, à demain, il neige, je voudrais partager cette neige, bonne nuit Catherine, merci pour la place que tu me gardes sous ton parapluie, au lit, uppercut, souffle coupé, "By then I'll be a brand new different person, to love you while I'm trying to decide", decide, decide, dormir, enfin.

Dimanche matin, déjà. La semaine est flashée.

(Oh, et ça y est, j'ai trouvé mon futur appartement. )

vendredi 21 novembre 2008

Je préfère manger à la cantine.



Bordel, j'adore ces gosses.

J'adore quand ils courent vers moi en me bousillant les tympans.
J'adore quand ils me déboitent les lombaires en me sautant dans les bras.
J'adore quand ils m'expliquent le plus sérieusement du monde que "C'est vrai, c'est pas bien de faire ça, on peut aller en prison pour au moins cinquante milliards de jours".
J'adore quand ils pensent que c'est la fin du monde parce qu'ils se sont disputés avec leur copain.
J'adore quand ils ont oublié trente secondes plus tard qu'il s'étaient disputés avec leur copain.
J'adore quand ils trouvent ça dégoûtant d'être amoureux.
J'adore quand ils chantent des chansons qu'ils ne comprennent pas.
J'adore quand ils veulent faire des tours grandes comme jusqu'au ciel.
J'adore quand ils pensent que j'ai quarante ans et que j'ai déjà trois enfants.
J'adore quand ils me disent "Je t'aime" même si ça veut juste dire qu'ils trouvent que j'ai une jolie robe.
J'adore quand ils rient à mes blagues nulles.
J'adore quand ils imitent les loups, les piranha, ou les émeus, surtout quand ils ne savent pas ce que c'est.
J'adore quand ils prennent tout au sérieux.
J'adore quand ils sont plus intelligents que moi.
J'adore quand ils dansent la tektonik.
J'adore quand ils m'offrent des cailloux.
J'adore quand ils me glissent des mots d'amour dans les poches.
J'adore quand ils se complimentent entre eux, qu'ils trouvent magnifique le dessin complètement improbable de leur voisin.
J'adore quand ils essayent de se faire pardonner.
J'adore quand ils jouent avec moi.
J'adore quand ils me font l'honneur de ne pas (encore) me considérer comme une vieille conne.

J'aime juste un peu moins quand ils disent "De toute façon, je reviens demain avec le pistolet de mon père, et j'te tue".

dimanche 26 octobre 2008

Passe le temps c'est sûr, si rien ne dure, il reste pourtant les souvenirs...


Je suis retombée sur mon cahier d'"Esthétique du geste" de mon année de master. A la dernière page, il y a écrit :

"Michel Guérin : naturalisation notion figure
Lyotard : radicale extériorité du sentir
geste de la parole ne peut être saisi dans discours
propose analytique du désir
motricité propre au langage
- j'en ai marre
Briser les mailles, les portes, les prisons, les barreaux
briser ma peau et mes os
Crash corporel
Dégénération
les fils se sont débranchés dans mon cerveau
la connexion est interrompue
le serveur est hors-service
Je ne crois plus en...
Je ne jouerai plus le jeu
des faux semblants, j'ai
perdu mon masque et mon
savoir faire.
"Ce n'est pas là un monde dans lequel je souhaite vivre"
Amas de peur entassées depuis l'enfance.
This is the end.
Reste avec moi."

C'est là que je réalise... ça fait un an, ça fait exactement un an.

Il y a pile poil trois cent soixante cinq jours, je titubais dans la campagne danoise, je déviais vers la maison en bois d'étudiants en musique. Et en m'accrochant au bras de celui qui m'accompagnait, j'ai pris la première décision d'une succession d'autres qui m'ont entrainée dans un virage à 180°. Ce soir là, j'ai ouvert les yeux sur tout les enfermements que je m'imposais.

Il y a un an, je changeai de chemin.

Très exactement un mois plus tard, dans la fosse de l'Elysée Montmartre, j'ai décidé de partir. Une nécessité si forte qu'il a fallu que je me l'écrive dans la main, pour ne pas oublier, pour ne pas me dégonfler. PARTIR, tout quitter, tout plaquer, pour ne plus jamais me sentir aussi emprisonnée. PARTIR... à commencer par cette salle et ce concert un peu minable.

Cinq jours plus tard, j'avais mon billet d'avion.

Un autre mois s'est écoulé. Et puis, à 6h du matin, complètement gelée sur une plage normande, j'ai encore abattu un autre mur. Comme dans un film, j'ai décidé de me laisser faire, de me laisser aller à d'autres possibles. A cet instant précis, je me sentais presque l'âme d'une héroïne d'un roman épique.

Et le 31 décembre, j'ai sauté dans le vide.

Je repense à tout ça comme à la préparation d'une kamikaze qui délaisse petit à petit tout ce qui fait sa vie terrestre. Ca n'a l'air de rien comme ça, mais pour moi, c'était littéralement un plongeon dans le chaos. Et je dois dire que le chaos aura tenu ses promesses. L'année 2008 aura été...

Bref.

Aujourd'hui, le chaos commence à se remettre en forme, et je tire le bilan de tout ça. Et je crois que je suis plutôt fière du chemin parcouru.
Je suis...
terrorisée
affolée
paumée
désorientée
écrasée
... mais je ne suis plus enfermée.

Et ça... qu'est-ce que c'est bon, putain. O_O

Alors... Joyeux anniversaire à moi-même et à tout ceux qui m'ont accompagnée cette année.

dimanche 12 octobre 2008

Le petit théâtre du métro.

En peu de temps, dans le métro...

* j'ai serré le moignon d'un manchot
* j'ai croisé un femme sans orteils
* j'ai bousculé un homme tellement lèvru qu'on ne voyait plus son menton
* j'ai cru voir une main difforme, mais en fait, c'était une bistouquette

Quand même... je me dis que si on assemblait tout ces gens, ça donnerait quelqu'un de vraiment pas gâté par la vie.

Cela dit, je me demande si la personne la plus bizarre, dans l'histoire, c'est pas celle qui ne s'étonne même plus de voir...

* un manchot (au demeurant fort sympathique)
* une femme sans orteils
* un homme lèvru
* une bistouquette qui prend le métro

vendredi 10 octobre 2008

J'ai rien à dire, mais j'le dis quand même.



* On m'appelle le Rebelle, t'as vu *


Oui.
Mais non.
Non mais sérieusement, pourquoi je ferais ça?
J'ai du temps à perdre?
Non.
J'ai des trucs à revendiquer?
Pas spécialement non plus.
J'ai envie qu'on me lise?
En vrai, j'en suis pas sûre.

Quand j'étais jeune (...), je passais des heures à écrire tout et n'importe quoi sous DOS, juste pour le plaisir de taper des mots en blanc sur un fond noir.
Aujourd'hui, c'est pareil. Je crée un blog, juste pour le plaisir de taper sur mon clavier.

En même temps, est-ce que je dois VRAIMENT me justifier?
Non.
Parce que je suis une rebelle des temps modernes.